Il serait fastidieux de rappeler toutes les exactions et les tortures infligées aux détenus des Solovki, depuis la fameuse "torture des moustiques", qui consistait, durant l'été, à exposer, des jours durant, les prisonniers dénudés, livrés en pâture aux moustiques, particulièrement nombreux et voraces dans ces îles septentrionales parsemées de lacs et d'étangs - jusqu'à l'enfermement des détenus punis dans des trous creusés dans le sol gelé, si exigus que le malheureux qui y était enfermé ne pouvait ni se tenir debout, ni allongé, et en ressortait irrémédiablement estropié. (...) le sort des femmes (qui constituaient environ 10% des détenus) était particulièrement atroce. Dans cet univers de non-droit absolu, elles n'étaient qu'un bétail sexuel pour les tchékistes. Une fois qu'elles avaient contracté une maladie vénérienne, les femmes contaminées étaient envoyées au mouroir installé dans l'église du Golgotha; si elles tombaient enceintes, elles devaient subir un avortement.