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Citation de AuroraeLibri


Ses rêves de grand amour et à l’exaltation des sentiments, avaient été mis en sommeil par la douceur rassurante des premières années de mariage et par les joies divertissantes d’une maternité précoce ; ils refaisaient surface maintenant qu’elle approchait de la trentaine. Et comme toute femme, elle se sentait au fond d’elle-même encore capable d’une grande passion, mais elle n’associait pas au désir d’en vivre une le courage d’accepter le danger, qui est le véritable prix de l’aventure. Elle vivait ainsi dans un état de contentement qu’elle ne parvenait pas à rendre plus intense, quand ce jeune pianiste s’approcha d’elle [, en proie à un désir violent et non dissimulé, auréolé de tout le romantisme de son art] : il entra dans son univers bourgeois, où les hommes rendaient d’ordinaire respectueusement hommage à la « belle dame » qu’elle était en se contentant de plaisanteries anodines et de menues galanteries sans jamais désirer vraiment la femme en elle, et pour la première fois depuis son adolescence, elle se sentit vibrer à nouveau au plus profond de son être : ce qui l’avait attirée n’était peut-être rien d’autre chez lui que cette ombre de tristesse sur un visage qu’il cherchait un peu trop à rendre intéressant [; elle ne se rendait pas compte que tout cela était en réalité aussi étudié que sa technique de pianiste ou que cet air songeur, assombri de mélancolie, pour faire surgir un impromptu (travaillé en fait depuis longtemps)]. Elle qui ne se sentait entourée que de bourgeois repus, avait cru entrevoir dans cette tristesse cet univers supérieur [qu’elle voyait chatoyer dans les livres et s’animer, au théâtre, d’une vie romantique] ; et elle avait franchi malgré elle les limites habituelles de ses sentiments pour le contempler.

La peur
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