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Citation de djdri25


Décidément je n'en finirai pas de mourir. J'apprends à mes dépens que l'agonie d'une ville rappelle de bien près celle des héros antiques, qui se lamentent sans fin sur une scène vide, en se tordant les mains. Je ressemble à mes statues : en vieillissant, c'est mon sexe que j'ai d'abord perdu, puis mes mains, puis mes bras. Je sens monter en moi les brouillards froids de la démence.
C'est ma tête maintenant qui vacille, comme celle d'une poupée de son dans les mains d'un enfant capricieux.Elle s'en ira rouler dans la poussière, dont elle aurait bien pu ne sortir jamais. Elle se brisera sur un roc, peut-être. Plus probablement s'effritera lentement au gré des saisons changeantes comme les hommes. A quoi pensez-vous donc belles statues de ma mémoire, torses couchés dans l'herbe, gagnés par les lichens, lentement digérés par la terre impavide? Et quand, arrachés à votre sommeil par quelque prince éclairé, quelque érudit fébrile, un caprice vous expose su run socle à la curiosité des hommes, ainsi qu'à leur ennui ?
Allongé face au ciel, harassé, innocent, j'attends la fin des siècles, caressé par le vent sous un monde infini de nuages, je rêve que le Tibre m'emporte vers la mer qui sait tout oublier, jusqu'aux frontières du monde.
Tout m'échappe maintenant. Les morts de mes rues, les passants disparus dans les gouffres du temps, les damnés enchâssés dans mes murs de pierre, les rêveurs de mes parcs , tous les fantômes calmes de mes mondes, je n'y suis plus pour rien et, n'en déplaise aux jurés infatigables des tribunaux de l'histoire...
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