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Citation de Unvola


Tout comme lors de l'entretien de 1944, c'est la politique du PCF et de la France qui est élaborée et proposée à Thorez dans ce bureau du Kremlin [lors de l'entretien entre Thorez et Staline le 18 novembre 1947]. Cela tendrait à prouver que les modes de fonctionnement de l'après-guerre ne sont guère différents de ceux de l'avant-guerre. En effet, les archives nous apprennent que, dès les années 1930, les orientations du PCF ont été systématiquement élaborées et imposées depuis Moscou, commandées qu'elles étaient par les impératifs de la politique étrangère de l'URSS. Il en fut ainsi du tournant vers le Front populaire amorcé par le PCF en juin 1934, puis de la décision de non-participation des communistes au gouvernement de Blum en mai-juin 1936 ; ou encore en mars 1938, à la suite de l'Anschluss, du refus opposé au PCF de participer à un large gouvernement d'union nationale dirigé par Léon Blum ; sans parler de la période allant du 23 août 1939 [signature du pacte germano-soviétique entre Hitler et Staline] au 22 juin 1941, puis après l'invasion de l'URSS par l'Allemagne.
Le moment le plus étonnant de l'entretien intervient quand "Thorez dit que les communistes français seront fiers du fait que lui, Thorez, ait eu l'honneur de s'entretenir avec le camarade Staline. Thorez remarque que, bien qu'il soit français, il a l'âme d'un citoyen soviétique. Le camarde Staline dit que nous sommes tous communistes et que cela veut tout dire". On comprend mieux, à travers cette remarque, le type de relation qui existait entre les deux hommes. Au-delà même de la soumission du secrétaire général du PCF, de sa déférence envers le "petit père des peuples", par-delà la croyance et l'aveuglement à l'égard d'Octobre 1917, c'est une relation quasi mystique qui relie Thorez au communisme soviétique : il se sent l' "âme" d'un Soviétique. Preuve, s'il en est besoin, qu'au fil de deux décennies les Soviétiques avaient réussi la mutation d'un ex-dirigeant socialiste et français en un membre à part entière du dispositif communiste international.
[...] Il est clair, alors, que la légitimité à laquelle se réfère Thorez n'est pas celle du suffrage universel et des intérêts de la nation, mais celle d'un système totalitaire qui a acquis en 1945 une dimension mondiale et dont le PCF n'est qu'un des éléments, d'ailleurs secondaire, aux yeux du maître.
(Pages 211 et 212)
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