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Citation de merode


merode
01 septembre 2020
On me disait que Beethoven avait de mauvaises manières, qu’il était « négligé au point de n’être plus présentable », qu’on l’avait vu donner des leçons en robe de chambre, qu’il travaillait avec tant d’ardeur qu’il bondissait parfois pour se verser des torrents d’eau sur la tête : je jouais sa musique puis me levais, m’asseyais, le crâne dégoulinant jusqu’à la chemise que je gardais sale et déchirée, je sortais au village habillé n’importe comment, me faisais remarquer par mon accoutrement ridicule — pantoufles et bonnet de nuit.
On me disait que Beethoven jouais tel rondo en se permettant un ritardando au moment du crescendo, retenant le mouvement, donnant tantôt à la main gauche, tantôt à la main droite, une expression qui lui paraissait inimitable, aussitôt je décidai de le chanter, suant sang et eau en faisant monter et descendre ma voix, faisant des ritardando à tous les crescendo, donnant à mon tour de chant une façon si efféminée que je ne savais plus si on allait rire ou m’applaudir à tout rompre.
On me disait que Beethoven était parfois violent, qu’on l’avait vu jeter à terre des cahiers de musique avant de les mettre en pièce, lancer au visage de sa servante un œuf éventé, renverser sur la tête d’un serveur un plat qu’on voulait injustement lui faire payer, on me disait qu’il blâmait Mozart d’avoir prostitué son talent sur un sujet aussi scandaleux que Don Juan, aussitôt j’exécrais cet opéra, que je trouvais abject, j’entrais dans de terribles colères s’il se trouvait quelqu’un pour l’apprécier, j’étais une « bête en fureur », un « brusque », un « rustre ».
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