Stéphane Soutoul

— Encore un dingue en liberté, commente Laurène en se dirigeant vers la sortie de la cuisine. Avec une troisième victime à son actif, le meurtrier commence à être drôlement prolifique. Et puis, rien que de penser à la manière dont il vole le sang de ces pauvres malheureux… Brrr, ça fait froid dans le dos ! Encore un crétin qui a maté trop de films.

J’ai soudain les idées très claires et plus aucune envie de profiter tranquillement de mon petit-déjeuner.

— Tu as entendu ce qu’ont dit les infos ? Tu n’as quand même pas l’intention de te balader seule ce soir ? m’inquiété-je.

Même si j’essaie d’oublier leur existence, je fais malgré tout partie des personnes les plus à même de mesurer le péril que représente un vampire pris de folie meurtrière. Cet écart de conduite est d’ailleurs des plus surprenants, car les communautés de Surnaturels, qu’elles soient garous, faes et surtout vampires, ont pour règle stricte de n’éveiller l’attention des humains sous aucun prétexte. La question consiste à savoir pourquoi les Blafards, s’il s’agit bien d’un buveur de sang comme je le crains, ne bougent pas le petit doigt pour empêcher l’un des leurs de porter préjudice à leur anonymat.