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Citation de Charybde2


Kulp avait l’impression d’être prisonnier dans une vaste chambre surpeuplée d’ogres, tel un rat que des ombres auraient mis en cage et sur le point de se faire écraser sous quelque gigantesque pied. Jamais auparavant la Garenne de Meanas ne s’était révélée aussi… périlleuse à explorer.
Il y avait des étrangers, des intrus, des forces si inamicales envers ce domaine que l’atmosphère elle-même semblait se brider. L’essence du Mage, ayant réussi à se faufiler entre les fils de la trame, se réduisait à une créature contrainte de se tapir, de s’accroupir. Là-dessus, il n’avait été capable de sentir qu’une série d’incursions horrifiantes, quelques sillages en mouvement marquant les chemins que les importuns avaient empruntés. Ses sens lui hurlaient que, pour le moment tout du moins, il était seul, et que le panorama brunâtre qui s’offrait à son regard était dépourvu du moindre signe de vie.
Et cependant, il tremblait de terreur.
Dans son esprit, il tendit une main spectrale derrière lui et put se rassurer en touchant l’endroit où son corps était resté, la masse liquide de son sang s’écoulant par soubresauts dans ses veines telle de la neige fondue, le poids ferme de sa chair et de ses os. Il était assis en tailleur dans la cabine du capitaine de la Silanda, observé du coin de l’œil par un Héboric circonspect et inquiet tandis que les autres patientaient sur le pont, le regard sans cesse rivé à cet horizon intact, implacablement plat qui s’étendait à perte de vue.
Ils devaient trouver un moyen de sortir de là. L’Ancienne Garenne dans laquelle ils avaient atterri avait été inondée et se résumait à une mer aux eaux épaisses et peu profondes. Les rameurs pouvaient bien faire avancer la Silanda pendant mille ans, jusqu’à ce que le bois se mette à pourrir entre leurs mains, que les manches se brisent, jusqu’à ce que le navire commence à se désintégrer autour d’eux, le tambour ne cesserait jamais de battre ni les échines de fléchir. Et nous serons morts depuis longtemps à ce moment-là, rien de plus que de la poussière moisie. Pour s’échapper de cet endroit, ils devaient trouver un moyen de changer de Garenne.
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