La plupart du lemps, nous ne voyons autour de nous que la multiplicilé ; notre ego détermine le cours de notre existence par le jeu des attractions et des répulsions ; tant que notre vie, toute chargée de désirs, s'écoule vers un but loujours incertain, toujours changeant, elle s'égare dans la mulliplicité ; nous demeurons dans lignorance. Dès que nous saisissons que l'Unité est la seule Vérité, que I'Energie qui soutient et anime tout l'univers, est Une et qu'elle est présente en chaque être et en chaque chose, nous nous rendons compte que nous sommes reliés au monde tout entier: nous prenons conscience de nos devoirs et nous pouvons faire définitivement régner en nous un équilibre supérieur, une harmonie divine.
Quand le yogin, après son expérience, revient au plan du manifesté, il est affranchi de l'ignorance. C'est l'ignorance qui contraignait l'ego à ne percevoir que la multiplicité, là où, seul, l'UN existe ; le sage qui connait la vérité sous ses deux aspects, l'aspect du manifesté et l'aspect du non-manifesté, et qui, cependant, continue à vivre au milieu des hommes, incarne le type de l'être parfait, de l'être accompli et le védanta l'honore du titre de « jivan-mukta »: voilà l'idéal que nous avons à réaliser en nous-mêmes, car le jivan- mukta, tout en conservant un corps de chair, est à jamais libéré.
Mettons à profit les heures de la méditation pour retirer notre attention des objets qui nous entourent; nous devons étudier notre mental ; tant qu'il n'y aura pas une séparation marquée entre l'objet de la sensation et le sujet, il nous sera interdit de nous établir dans la paix. Qu'il soit bien entendu que ce n'est là qu'une étape, car une fois que nous serons parvenus au terme du sentier, une telle distinction se sera à jamais évanouie.
Appliquons-nous à suspendre toules les vagues de pensée ; ce procédé psychologique n'est pas d'une application commode ; il présente même de grosses difficultés ; nous devons remonter jusqu'à la source de notre existence, pénétrer le mystère du silence et déchiffrer l'énigme du non-manifesté ; c'est à ce prix que se dévoilera le secret de la manifestation.
Dieu est en nous, mais nous ne sommes pas en Dieu: voilà la cause de toutes nos souffrances. Nous ne savons pas que Dieu est au-dedans de nous et la méditation a pour but de nous en fournir la preuve immédiate. Aussi considérons-nous que la connaissance de brahman (brahmavidya) est la véritable, l'unique Connaissance.
En méditant, nous créons lentement en nous une «vie nouvelle»; nous avons à jouer un autre personnage ; apprenons ce nouveau rôle ; nous nous habituerons ainsi à pratiquer la vie spirituelle.
Du jour où nous comprendrons que « tout ce qui existe » en chacune des trois phases - déploiement. maintien et reploiement - de la manifestation, c'est l'atman et l'atman sans plus, nous aurons en nous le stimulant le plus actif pour adapter notre conduite à la Vérité morale, procéder à notre perfectionnement personnel et contribuer efficacement au bonheur de nos semblables.
Le sage en qui cette Vérité est devenue vivante, est le sel de cette terre: il mérite le titre de Bienfaiteur ou de Sauveur de l'humanité.
Ainsi que l'a dit Ramakrisna, servons-nous d'une épine pour extraire de notre pied l'épine qui s'y est enfoncée : la chose faite, rejetons les deux épines. C'est aussi à l'aide de la pensée que nous irons au delà même de la pensée. Lorsque nous en arriverons à ce point, nous aurons une expérien ce directe: nous découvrirons un autre visage de la Réalité, le Visage du Silence, l'aspect du non-manifesté.
Et lorsque le contemplatif revient sur le plan de l'existence empirique, il a perdu le sentiment du moi qu'il possédait auparavant. Désormais, en quelque centre que sa conscience puisse temporairement se localiser, il sait que la manifestation s'y reflète en partie ou en totalité: partout, il reconnait la Mère Divine ; c'est elle qui se mire en chaque aspect de l'existence.
N'oublions pas que, dans la vie journalière, chaque acte que nous accomplissons, chaque pensée en laquelle nous nous complaisons, déposent en nous une nouvelle couche d'ignorance qui vient s'ajouter à notre héritage ; employons-nous à relâcher notre tension intérieure qui représente le legs du passé ; ne contribuons pas à rendre plus épais encore le voile de maya !