Citation de EstelleML
Je suis moi-même l'ombre et la lumière qui la fait naître, [...] le regard qui se cherche et le miroir, je suis et ne suis pas cette voix qui s'accommode et prend le pli de mon coprs, mon visage enroulé dans le voile de cette voix, est-elle de moi ou est-ce celle de mon père qui l'aurait insufflée, ou simplement déposée pendant que je dormais en me faisant du bouche à bouche ? Tantôt je la reconnais, tantôt je la répudie, je sais qu'elle est mon masque le plus fin, le mieux élaboré, mon image la plus crédible ; elle me trouble et m'exaspère ; elle raidit le corps, l'enveloppe d'un duvet qui devient tôt des poils. Elle a réussi à éliminer la douceur de ma peau, et mon visage est celui de cette voix. Je suis le dernier à avoir droit au doute. Non, cela ne m'est pas permis. La voix, grave, granulée, travaille, m'intimide, me secoue et me jette dans la foule pour que je la mérite, pour que je la porte avec certitude, avec naturel, sans fierté excessive, sans colère ni folie, je dois en maitriser le timbre et le chant, et la garder dans la chaleur de mes viscères. [...] Ses exigences, je les connais : éviter la colère, les crises, l'extrême douceur, le murmure bas, bref l'irrégularité.
