La nécessité d'apporter des réponses efficaces à ces nouveaux problèmes s'accompagne du souhait de trouver un nouveau paradigme pour remplacer le vieil imaginaire d'une société constituée de citoyens égaux, liés par un contrat social abstrait, exprimant leurs désirs en élisant des représentants au Parlement. Ce nouveau paradigme reconnaîtrait au contraire le pouvoir des groupes et de la solidarité de groupe ainsi que la persistance d'inégalités et de différences, et proposerait d'autres métaphores que celles portées par la Révolution française. Dans cette nouvelle réalité où règne un pluralisme extrême, où l'ordre juridique de l'Etat-nation coexiste avec une multitude d'autres systèmes normatifs, les juristes ne devraient-ils pas s'efforcer d'imaginer des méthodes afin d'envisager un ordre juridique nouveau pour une société nouvelle?
Quelle attitude adopter face à l'internationalisation de la loi? Comment ces systèmes non étatiques peuvent-ils être contrôlés, intégrés et légalisés? L'unification juridique est-elle possible? Peut-il y avoir un accord sur le droit entre des personnes dont les cultures et les traditions sont si diverses? Ces accords sont-ils nécessaires ou peut-on organiser une mondialisation progressive sans passer par l'harmonisation juridique? Sommes-nous confrontés à la fin du pouvoir de réglementation des représentants de la nation qui votent au parlement? Est-ce le début d'une nouvelle ère, dans laquelle la volonté du peuple reste dominante, mais par des moyens nouveaux? La démocratie pourrait-elle se réaliser non pas par le vote des citoyens, mais par la concurrence ouverte entre de multiples organisations et intérêts?