Deux alpinistes sont coincés par le blizzard au-dessus du col Sud et supplient les Sherpas restés au camp IV de monter les secourir. Les Sherpas refusent obstinément : pas question qu'ils sortent de leur tente. [...]
Je m'adresse donc aux Sherpas du col Sud : "Je suis le petit-fils de Tenzing Sherpa et j'ai entendu qu'il y a un problème. Pouvez-vous me dire pourquoi vous refusez d'aider ces hommes ? "[...]
" Je comprends votre colère, mais vous êtes des Sherpas et les Sherpas n'ont jamais laissé délibérément mourir quelqu'un sur une montagne. Ce n'est pas ainsi que nous nous comportons. Nous avons une longue tradition à respecter, en particulier sur l'Everest, et si vous n'y allez pas, vous allez couvrir notre peuple de honte."
Je m'exprime avec tout mon cœur mais en guise de réponse, je ne reçois que ronchonnements et et soupirs désapprobateurs. Je tente alors mon va-tout. "Okay, les gars, faites ce que vous voulez ; d'ailleurs, qu'y puis-je ? Mais rappelez-vous qu'un jour ou l'autre votre vie s'achèvera et que vous serez alors probablement réincarnés... en grimpeurs occidentaux !" L'argument fonctionne à merveille. Cette perspective insupportable leur donne un véritable coup de fouet. Les deux alpiniste étrangers sont retrouvés et descendus sains et saufs. Depuis, cette histoire a fait rigoler beaucoup de Sherpas.
Escalader les montagnes, c'est une exploration de ses capacités physiques, mais c'est aussi, et surtout, un voyage intérieur.
Quand la flamme de l'Everest brûle en vous, rien ne peut l'éteindre tant que le sommet n'est pas atteint. Une fois que vous avez conquis le toit du monde, que personne ne le sache ou qu'un million d'admirateurs vous portent en triomphe, vous vous en moquez. L'important au fond de votre cœur, c'est de l'avoir fait, et d'avoir réalisé votre rêve.