XXXI
Dans le parc de Thaley, j'ay dressé deux plasons
Sur qui le temps faucheur ny l'ennuyeuse estorse
Des filles de la nuict jamais n'aura de force,
Et non plus que mes vers n'esteindra leurs renoms.
J'ay engravé dessus deux chiffres nourrissons
D'une ferme union qui, avec leur escorce,
Prend croissance et vigueur, et qu'avecqu'eux s'efforce
D'acroistre l'amitié comme croissent les noms.
Croissez, arbres heureux, arbres en qui j'ay mis
Ces noms, et mon serment, et mon amour promis.
Aupres de mon serment, je metz ceste priere :
« Vous, nymphes qui mouillez leurs pieds si doucement,
Accroissez ses rameaux comme croist ma misere,
Faites croistre ses noms ainsi que mon tourment. »