LXXVI
Le jardinier curieux de ses fleurs,
De jour en jour beant leur accroissance
Ardent les voit, et les espie, et pense
Qu'elles ont trop encoffré leurs couleurs.
Mais, lors qu'au liet il endort ses labeurs,
Son jardin fait, ce semble, en son absence
Plus de profit que quand, par sa présence,
Il amusoit des herbes les vigueurs.
J'en suis ainsi m'esloignant de mon feu :
Je l'ay trouvé en mon repos accreu.
Comme il est né s'accroissant de paresse
Sans moy, sur moy, il monstre ses effortz,
Il me poursuit lors que je le delaisse,
C'est un malheur qui veille quand je dors.