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Citation de NuitDeChine


Fleurs artificielles.

III

O région déconcertante
Par sa naïve absurdité
Qui me séduit et qui me tente,
Adorable en sa fausseté !

Où te lèves-tu, soleil pâle,
Dont les rayons inexpliqués,
Sur ces chers bouquets compliqués
Versèrent l'éclat et le hâie ?

Sous quels cieux et par quels degrés
Croissent ces rigides corbeilles
Que ne vient souiller nul engrais
Et que respectent les abeilles?

Dans quel mystérieux grenier
S'emmagasinent leurs semences,
D'où leur viennent ces soins immenses,
Et quel surhumain jardinier

En un jour de folie étrange
Osa rêver votre beauté,
Fleurettes dont rien ne dérange
La sereine immobilité.?

Sa fantaisie aux doigts agiles
Enlumina vos fins émaux
Et sut implanter vos rameaux
Dans de merveilleuses argiles.

Loin par delà l'océan vert
Doit germer cette flore unique,
"Aucun savant n'a découvert
Le secret de sa botanique.

Sur quelque rivage écarté
C'est un paradis, - ô merveille
Sans lendemain comme sans veille I —
Fait de couleur et de clarté.

Cet éden fécond en mystères
A proscrit immuablement
De ses impassibles parterres
L'odeur, le bruit, le mouvement !

IV

Or, sur ces cadavres voltige
Comme un papillon cajoleur
Ta main qui va de fleur en fleur,
Et l'on voit sur sa roidé tige

La fleur surprise se hausser
Puis s'épanouir, bien vivante I
Tout s'anime où va se poser
Ta caresse alerte et savante,

Tout se meut à tes doigts jolis :
Sous leurs délicates phalanges
Le bourgeon rejette ses langes,
La feuille défripe ses plis.

Les boutons mignards font des mines
En délaçant leur.corset clair;
Les amoureuses étamines
Epanderit leur pollen dans l'air.

Les spathes exceptionnelles
Tendent leurs cornets à tes pleurs,
Le prand lis farde ses pâleurs
Au doux soleil de tes prunelles.

Emerveillé, le papillon
Agite ses ailes et joue,
Perplexe entre le vermillon
De tes roses et de ta joue.

A tes attouchements subtils,
A tes coups d'ongles, le pétale
Voluptueusement s'étale
Et forme une alcôve aux pistils.

Le scarabée aux ailes bleues
A remué la patte. Il court
A vos mâts de cocagne, queues
D'oeillets auxquels il fait sa cour !

Cependant les floraisonsfausses
Se groupent en riches bouquets
Parfumés à tes doigts coquets,
O modiste ! et, - métamorphoses -

Parmi ces fleurs mortes prenant
Vie à ta main providentielle,
Tu me parus, incontinent,
Etre la fleur artificielle !
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