J’ai de vague en toi comme mots,
Ceux qui, libres des airs d’enfance,
Voguent lentement en fils d’écume
J’ai de ce manteau comme si chaud,
Quand le matin en frôlements exquis
Se rompt soudain cette obscure nuit
Si j’ai si doux en nous comme laines,
Celles qui, déjà folles en hauts vents,
Me soufflent l’automne en chaque bise
Je sens alors cette vie m’envoûter
Quand, en frôlement de mes songes,
Vibre la mélodie des corps endormis.
La terre ronde s’entrouvre d’horizon
Quand en chemin se perd la raison,
Et la voilà palpitante en ardentes envies
Puis en ce grand jardin des âmes émues,
D’une pénombre naît en rayon de lune
L’aube s’annonçant de rosée de glace.
Le matin dis-je encore, me berce le cœur,
Et quand s’entrouvre ce premier rayon,
Ni rouge, ni jaune, mais d’espoir de vie
Alors je file la brume lente des mots,
Pour en offrir aux premiers éveillés
Ce bel amour en aube du jour.
(Détours de Jour - D’une lente brume - (p 97)