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Critiques de Thomas Balistier (1)
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Le disque de Phaistos

Dans la perception collective la civilisation antique crétoise est au mieux un faire valoir, une introduction à la Grêce classique, une sorte de brouillon des canons du monde hellénique et hellénistique.

Cette île, la civilisation minoenne, du mythique roi Minos, mérite beaucoup mieux.

Malraux a écrit que « la culture ne s’hérite pas mais se conquiert ». Dans le cas de la Crète, elle se découvre et ne s’offre pas dans le « forfait » grec.

Abstraction faite des trésors de l’art pariétal qui constituent les premiers signes de la culture en Europe, on peut dire que la culture classique, c’est-à-dire avec une expression écrite, a commencé en Europe en Crête.



Il y eu trois périodes distinctes, la « prépalatiale »(-2 600  /-2 000 av JC), la « protopalatiale » (--2 000/-1 700 av JC) et la « néopalatiale » (-1 700/-1 400 av JC).

On l’aura compris la signature de cette civilisation fut l’existence de « palais ». Les spécialistes ne sont pas d’accord sur la fonction de ces palais ; pour Paul Faure (« La vie quotidienne en Crête au temps de Minos 1 500 ans avant JC »), ces palais avaient des fonctions religieuses exclusives, à cet égard on peut relever le constat que ces édifices n’étaient pas sécurisés par des remparts. Sur cette question comme sur beaucoup d’autres en premier lieu ce disque de Phaïstos les experts ont des lectures divergentes. Les zones d’ombre, les tentatives d’éclairage incertaines ne sont pas sans ajouter au charme extraordinaire de cette civilisation.



Trois palais principaux ont été recensés, celui de Cnossos, de Mailla et de Phaïstos, qui ont été érigés dans leur première version vers -1 900. Le fameux palais de Cnossos à la fois bénéficiaire et victime des travaux de fouille et rénovation partielle de sir Arthur Evans en 1900 fut le plus grand sans que l’on sache avec certitude si un lien de suzeraineté existât avec les deux autres palais. L’originalité de cette civilisation est telle que les « modèles » a priori sont inopérants.



L’objet de l’étude de ce livre est le disque de Phaïstos mis à jour dans l’aile Nord Ouest du palais éponyme.

Ce palais aurait celui de Rhadamanthys frère de Minos, mais ceci relève sans doute du mythe.

Au pied de Phaïstos, la riche vallée de la Messara de cette ile montagne offre au visiteur un panorama d’une beauté et d’une plénitude éblouissantes, embelli par l’horizon des épaulements montagneux.



Le disque, d’un diamètre de 16 cm, est en argile et comporte deux faces gravés de signes qui se succèdent en spirale. L’hypothèse est qu’il a été réalisé avec un tampon ou un poinçon portant le signe à reproduire en relief et en l'imprimant sur l'argile humide.

Cet objet, depuis sa découverte lors des fouilles par les archéologues italiens le 03 juillet 1908, défie les spécialistes et ne cesse de susciter la passion et de fournir des grilles de lecture foisonnantes. Et on ne prend pas beaucoup de risques d’avancer que, sauf coup de théâtre archéologique, le sésame du disque n’est pas prêt d’être révélé ce qui ne signifie pas que l’âme de l’objet n’irradie pas les spécialistes et amateurs.

Il existe deux écritures crétoise recensées dites « linéaire A » et « B » mais seule la seconde, apparentée à l’écriture grecque mycénienne a été déchiffrée.



Un double obstacle confère à tout essai de déchiffrement du disque une dimension de quête alchimiste.

Intrinsèquement, quarante cinq signes différents apparaissent mais la brièveté des suites sur chaque face ne permet pas de déduire une logique d’utilisation de chaque signe. Surtout, aucun autre objet ou élément à Phaïstos, en Crête ou ailleurs avec les mêmes signes n’a été retrouvé, permettant d’échafauder une lecture qui serait confortée par la cohérence d’autres textes.

Formellement, les signes font irrésistiblement penser à des hiéroglyphes, nous nous situons a priori à l’époque du Moyen Empire égyptien et des liens commerciaux très actifs existent entre les deux civilisations.



Le livre ne propose pas une solution de déchiffrement mais fait un état des lieux des hypothèses et recherches principales. Le grand intérêt de cet ouvrage est de recenser avec rigueur toutes les questions relatives au disque, de son authenticité et son origine jusqu’à sa lecture.

Il expose pas à pas la teneur des enjeux et les pistes s’ouvrent, se ferment comme des indices d’une enquête policière. Naturellement des points d’interrogation demeurent.

En dépit des obscurités et énigmes, a priori insurmontables, inlassablement des experts ont proposé des lectures. Le livre reproduit différentes matrices de propositions, un texte de communication diplomatique, un message accompagnant des dons aux dieux, un rite sexuel...



Un ouvrage passionnant car il permet de brasser des informations, sous des angles originaux, sur un univers égéen sur une période, qui ne fait pas l’objet de publications grand public ou si peu.



Un livre pour voyager dans l'espace et le temps, le réel et l'onirisme
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