seul ce temps nous fut imparti
nous nous aimions à la folie
puis essayons de ne plus nous aimer.
les museaux gris des rats ont rongé nos anciens matelas
dont les chambres désertées des vents violents
ont séché les macules de notre amour
le temps n'accepte plus que les remous de tes cheveux
la nuit te rappellera les envolées de mes verres d'alcool.
Méditations post-oniriques
Le temps est tout à fait mûr
le sang chéri a coulé sur les draps
des morceaux de glace ont cogné aux carreaux sanglants dans le noir
insensiblement les moulins à café effrayés se sont mis à moudre
le marteau a frappé fort l'aimable crâne ceint
d'une auréole surgie du tréfonds
Ne plie pas devant la discipline.
La nuit fourmille de bandits
coeurs luisants comme des alambics
j'ai voulu moi aussi être bon. J'ai goûté
le jus blanc du pavot. J'ai rôdé
assommé au fond d'une rivière meurtri à sec desespéré
mais ne plie pas devant la discipline
et je m'en vais rêver et ce ravin disparaîtra
comme disparaîtront les rasoirs sur ma gorge
Incinérateur de déchets grammaticaux
On a trop évoqué la perte de la ferveur.
Des bateaux que le temps,
le capitaine ou quelqu'autre
aurait oubliés sur le sable du rivage.
Ce ne sont que mots desséchés
abandonnés sur l'argileuse margelle de la parole.
Certaines saisons les filles émergent de la pénombre,
une fleur de lys à la main,
Prise de vertiges, elles s'extraient, des profondeurs de la boue
serrant leurs instruments de musique entre leurs cuisses.
Troisième élégie
à nouveau
j'ai pensé à la mort.
Entre ma jambe et l'horizon
l'insatiable animal de la mer
mouvant et agité
triste et silencieux
suce le rivage.
Tu m'as promis que l'amour arriverait de nuit par bateau
Jetant son ancre sous ma fenêtre
Au mât flottent les signes argentés de la mort dans la nuit.