J'ai lu ces 26 textes, souvent très courts, sans déplaisir, mais je pense qu'ils ne me laisseront pas de trace. De nombreux textes sont des souvenirs d'enfance, remontant à la surface aux hasard des rencontres dans le métro, le bus, la rue ou au théâtre et certains portraits sont bien brossés et poétiques. Mais il manque à mon goût un fil directeur, un lien entre ces textes qui n'ont que celui de leur titre classé par ordre alphabétique, insuffisant à mon avis. D'autant plus que les mots eux-mêmes n'ont pas de lien entre eux : amour, bravo, cirque, diptère, escroquerie, marteau-piqueur ou yoyo... et donc ne favorisent pas une lecture d'un seul jet.
Il faut cependant remarquer que Tilly a une jolie plume et que certains textes sont très agréables à lire.
Ainsi Amour, le premier texte, qui fait le portrait un peu mystérieux d'un jeune homme dans le métro, dont les gambades et facéties, comme celles d'un enfant, attirent le regard des autres voyageurs. J'ai retrouvé cette ambiance d'observation silencieuse des autres qui règne dans les transports en commun, cette façon de regarder sans y toucher, de juger parfois sans connaître ni comprendre, et surtout, l'absence de communication et même de partage : car cette personne qui cabriole en souriant devrait, si ce n'est susciter le dialogue, au moins faire sourire les autres usagers... Nous n'en savons pas plus, mais je me plais à imaginer chacun dans son coin, se replongeant dans son livre ou ses pensées, en surtout ne laissant transparaître aucun sentiment, aucune émotion que ce personnage original aurait pu faire naître...
J'ai beaucoup aimé aussi Escroquerie, cette histoire du vieux monsieur à qui de malhonnêtes vendeurs fourguent de multiples extincteurs et de non moins nombreux contrats d'assurance... Un problème bien d'actualité malheureusement pour les personnes âgées naïves et peureuses...
Certains textes sont également emplis d'humour, ainsi Diptère et son nuage de moucherons ou bien Féminin, qui m'a fait éclater de rire, de même que l'histoire de la dame au Monop qui tente vainement de parler avec un homme qui s'avère être sourd comme un pot, ou encore l'histoire de l'avocat, qui porte bien son titre : Ubuesque !
Dans l'ensemble, les textes que j'ai préférés sont ceux qui touchent aux souvenirs d'enfance, comme cette peur de petite fille au manège, de même que les mamans japonaises qui disent au revoir à leurs enfants, mais passent tout de suite à autre chose dès qu'ils ne sont plus dans leur champ de vision, alors que l'enfant attend encore un signe... J'ai eu un sursaut et un petit pincement au coeur en me demandant si moi aussi, parfois, je n'agissais pas de même... La sensibilité est bien présente dans les textes de Tilly, par exemple lorsqu'il est question d'Alzheimer, mais on ne tombe jamais dans le voyeurisme, le ton reste léger.
Je pense cependant qu'il est plus agréable de lire directement ces billets d'humeur de Tilly directement sur son blog et que, présentés tels quels, cela ne suffit pas à en faire un ouvrage, même si la plume est agréable à lire. Ou alors, il faudrait ne pas le lire d'une traite comme je l'ai fait, mais déguster petit à petit chaque texte, en faisant une pause entre chaque. Je suis persuadée qu'ainsi on en retire mieux toute la poésie.
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