AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


La relation, dans l’homme spirituellement parfait, entre la Réalité divine (Haqîqah) et l’individualité encore subsistante, est ce qu’il y a de plus difficile à saisir(1) ; pour l’homme parvenu à cette perfection, en effet, la Réalité divine n’est désormais « voilée » par rien, alors que la conscience individuelle est par définition un « voile » (hijâb) et n’existe que pour autant qu’elle « brise » la lumière aveuglante de l’Intellect divin.

Ibn ‘Arabî compare l’individualité de l’homme ayant « réalisé » Dieu à un écran qui colore la lumière pure en la filtrant, et qui est chez lui plus transparent que chez les autres hommes :
« Il en est comme de la lumière se projetant à travers l’ombre, car l’écran est de la nature de l’ombre qui, elle, est lumineuse par transparence. Tel est aussi l’homme ayant réalisé Dieu : en lui, la ‘’forme de Dieu’’ (c’est-à-dire l’ensemble des Qualités divines)(2) se manifeste plus directement qu’elle ne se manifeste en d’autres… » (ibid. chapitre sur Joseph)

L’Union avec Dieu est aussi concue sous l’aspect de l’ « assimilation des Qualités divines » (al-ittisâf bis-Sîfât il-ilâhiyah), assimilation qui doit s’entendre en un sens purement intellectif, comme connaissance des Qualités ou Présence (Hadarât)(3) divines. Cette « assimilation des Qualités divines », d’autre part, a son reflet symbolique dans l’âme, à savoir les vertus spirituelles, et son modèle n’est autre que l’Homme Universel.

(1) C’est pour cela d’ailleurs que le dogme chrétien des deux natures du Christ – de même que celui de la Trinité, dont le premier est rigoureusement solidaire – est un « mystère », c’est-à-dire qu’il est insondable pour la raison discursive.

(2) L’ensemble des Qualités divines constitue ce que le Soufisme appelle la « Forme divine » (as-Sûrat al-ilâhiyah) par allusion à la parole du Prophète : « Dieu créa Adam dans Sa forme » ; le terme de « forme » (sûrah) a donc ici le sens de « synthèse qualitative » et non celui de délimitation ; il est analogue à la notion péripatéticienne de forma (εἶδος) qui s’oppose à celle de materia (ὕλη).

(3) Par « Présences » divines, on entend les degrés de la Réalité divine en tant qu’états contemplatifs ; on parle de cinq Présences principales qui sont respectivement : an-Nasût, rapportée à la forme corporelle humaine, al-Malakût, rapportée au monde des Lumières subtiles, al-Jabarût, analogue à l’existence supra-formelle, al-Lahût, la Présence de la Nature divine se révélant dans les Qualités parfaites, et al-Hâhût, l’Essence pure. Il existe encore d’autres distinctions des « Présences ». (pp. 112-114)
Commenter  J’apprécie          30









{* *}