Tobias G. Natter

Un artiste n'a que rarement l'occasion d'accomplir une œuvre d'art au travers de laquelle son imagination se sent pousser des ailes, ses pensées deviennent réalité et son talent artistique peut pleinement s'épanouir.
...Parmi ces maisons, le palais Stoclet brille comme le ferait, au milieu de pierres de moindre valeur, un précieux joyau d'une beauté exquise.

Quiconque veut apprendre quelque chose sur moi - sur l'artiste, seul digne d'intérêt - doit regarder attentivement mes tableaux et, de là, tenter de comprendre ce que je suis et ce que je veux.

Pendant que tu peins, tu te métamorphoses subitement, presque comme par enchantement, en "l'homme le plus moderne", que tu n'es peut-être absolument pas dans la réalité du jour et de l'heure !

Sa nature érotique - l'ardeur avec laquelle il traite la matière et en même temps sa maîtrise - font de Klimt un chantre de la beauté féminine; des milliers de dessins racontent à quel point il prenait ce culte au sérieux... Ce sont eux qui, de la manière la plus incontestable, confèrent à l'artiste le droit de prétendre au titre de maître, leur souplesse traversée de frissons d'émotions ne trouve son égal nulle part ailleurs dans l'art d'aujourd'hui.

Ce que le spectateur remarquait en premier lieu et attribuait à Klimt, ce n'était pas lui, mais une quelconque autre chose a la quelle il était lié. Le Japon, la Chine, et même Byzance ainsi que l'ancien et le nouvel Orient. Le préraffaélisme italien et le nouvel art anglais. La peinture française décorative et merveilleuse d'un Moreau, la nouvelle mystique néerlandaise de la région de Khnoff, le tout entrecoupé de marchandises coloniales et de dieux. S'il puisait dans tout cela, il n'était toutefois rien moins qu'un éclectique. Il ne faisait que s'en nourrir, il le métamorphosait en Gustav Klimt.

Lorsque j'ai terminé un tableau, je ne veux pas perdre encore des mots à le justifier auprès du grand public. Pour moi, l'important n'est pas qu'il plaise à un grand nombre, mais à qui il plaira.