AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Belis8ne


Si vous êtes le diable, c'est pas moi qui raconte cette histoire. Pas moi qui suis Dans-la-cabane. C'est le nom qu'elle m'a donné sans même savoir. Elle c'est-à-dire Ida Richilieu, et plus tard, après ce qui est arrivé là-haut dans la Passe du Diable, on l'appelait Ida-Jambes-de-bois.
Hé-toi et Viens-par-ici-mon-gars, je me figurais que c'était aussi mes noms. Les premières dix années ou à peu près, j'ai cru être celui que désignaient ces mots tybo. Tybo, c'est-à-dire « homme blanc », dans ma langue. Ma langue, c'est-à-dire quelques mots que j'arrive encore à me rappeler.
Ma mère était une Bannock, elle travaillait pour Ida : le ménage, et quand un homme se sentait l'envie de tâter de la métisse. C'est comme ça que je suis venu au monde – ou le je croyais. Ma mère m'appelait Duivichi-un-Dua, ce qui veut dire quelque chose, ce qui veut dire que j'étais quelqu'un à avoir un nom comme ça – et pas comme Dans-la-cabane.
Il m'a fallu longtemps pour découvrir ce que signifie mon nom indien. Une des raisons, c'est parce que ce n'est pas un nom bannock, mais un nom shoshone, alors aucun Bannock a jamais pu m'expliquer quand je posais la question. Toujours cru que ma mère était une Bannock. Je suppose que c'était une Shoshone. Sinon, pourquoi elle m'aurait donné un nom shoshone ?
Ma mère est morte quand j'étais qu'un gamin de dix ou onze ans. Tuée par un nommé Bily Blizzard. Une des choses dont je me souviens au sujet de ma mère est qu'elle m'a donné mon nom et que je ne devais jamais répondre quand j'entendais mon nom, parce que c'était peut-être le diable qui appelait. Si quelqu'un m'appelait par mon nom, je devais tout de suite répondre que c'était pas moi. Une autre chose dont je me souviens, à propos de ma mère, c'est juste avant que je m'endorme, et alors, elle n'est qu'un parfum et un sentiment pour lesquels j'ai pas de mots.
Après la mort de ma mère, je l'ai remplacée chez Ida, à faire le ménage et les petites corvées. Certaines nuits, dans la cabane, quand la lune devenait trop brillante et les choses trop tranquilles, quand je n'entendais plus que les battements de mon coeur et ma respiration trop haletante, je grimpais sur la pointe des pieds l'escalier de derrière Chez Ida jusqu'au second étage, et j'observais Ida par la fenêtre. Ida était assise dans son cercle de lumière, la lampe à pétrole donnait à sa chambre une teinte rose. Si c'était l'hiver, Ida était emmitouflée dans sa courtepointe. Si c'était l'été, elle n'avait presque rien sur le dos. Mais hiver comme été, on trouvait toujours Ida dans son cercle de lumière, tard le soir, après le travail ; elle écrivait son journal, où elle parlait de la vie et du fait d'être maire.
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}