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Robert Louit (Traducteur)
EAN : 9782264035684
428 pages
10-18 (21/08/2003)
4.27/5   37 notes
Résumé :
La drôle de vie de Duivichiun Dua, métis bisexuel, dans une petite ville de l’Idaho. « De Foutu Dave et son Foutu chien à Dellwood Barker (l’homme qui parle à la lune), le parcours décoiffant du combattant de notre Candide version Cow boy est jalonné de personnages truculents et de mormons puritains. Alors... Histoire de dingues racontée par un dingue... ? Histoire d’amour surtout, d’une poésie verte et vigoureuse. Vivifiant. ». - A.L. Lire.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'homme qui tomba amoureux de la lune de Tom Spanbauer rassemble les confessions d'un homme grandi trop vite à travers un récit transdimensionnel où les univers se chevauchent, se confondent mais qui très vite offre un voyage incandescent, indécent aussi, troublant et poétique.

« Viens faire un tour dans mon ballon, on ira voir l'homme de la lune ».
Alors j'ai fait un tour dans le ballon et j'ai découvert l'histoire de Duivichi-un-Dua, ou plutôt les histoires. En effet piégée à Excellent, Idaho, avant la Passe du Diable au nord des Sawtooth, là où passe le bras nord du fleuve Payette j'ai eu le temps d'écouter sa voix devenue de plus en plus audible au gré des mots qui s'envolaient avant de s'épeler.
Coincée dans une des chambres du seul hôtel de la ville, Chez Ida, chambre Numéro 11 de l'Indian Head Hotel, véritable observatoire et carrefour d'une communauté hétéroclite des années 1890 de l'après ruée vers l'or où cow boys, mineurs de Gold Bar, pionniers et autres « tybos» survivent, le temps s'est arrêté pour un dernier Far West, un Bowie knife à portée de main .

Mais quelle histoire ! Duivichi-un-Dua , le narrateur, en plongeant dans son passé navigue entre souvenirs, rêveries ,visions et revit son épopée de l'enfance à l'âge adulte, une quête identitaire incessante pour connaître l'origine du monde, de son monde, et les mystères de la vie. Longtemps obligé à ne pas communiquer, ne connaissant pas le sens des mots, il est affublé d'un surnom, « Dans la cabane » puis devient adolescent Cabane ou « Dans les vaps » pour enfin réussir à soulever le pesant voile de secrets autour de sa naissance et connaître la signification de son nom shoshone, « le garçon du garçon ». Un chemin tortueux, difficile où la lumière jaillit de l'obscurité pour apprendre avant tout que pour changer le monde, il faut changer sa façon de le regarder.

Bardache, chamane, indien métis, sorcier, prostitué, il sillonne sans aucune limite son âme, instrumentalise son corps et se forge une famille dont les membres sont des doux dingues, parias d'un monde vouer à disparaître : Ida Richilieu, maquerelle juive, maire et tenancière,
Dellwood Baker ou Yeux Verts, le cowboy et l'homme qui tomba amoureux de la lune...

Tom Spanbauer campe un décor digne d'un western, shérif irrécupérable, cow-boys enragés ou déjantés, femmes courageuses et libres, Indiens soumis et désespérés, colons Mormons puritains et vindicatifs. L'histoire de l'Amérique et des Amérindiens défile sous nos yeux avec ses lots d'horreur (massacre des Indiens à Bear River, racisme, ségrégation). Des paysages époustouflants des grands espaces aux cloisons roses du Saloon d'Excellent, une galerie de portraits improbables s'organise où des protagonistes charismatiques aux caractères bien trempés s'activent, une vraie fourmilière !

Dans L'homme qui tomba amoureux de la luneTom Spanbauer avec une grande liberté de ton compose un récit étrange, transgenre, western, conte, fable, ode à la nature et aux éléments et joue d' une écriture réaliste, lyrique, poétique non dénuée d'humour pour dire l'amour, la différence, l'espoir, la liberté, la relation au vivant, la relation aux autres et la tolérance.

L'écho de la légende de Duivichi-un-Dua poursuit longtemps et résonne toujours dans les ciels infinis aux nuages bisons qui l'accompagnent. de l'Idaho au Montana un voyage halluciné, mystique. Entre exil intérieur et errance spirituelle reste son histoire: celle de l'homme amoureux de L'homme qui tomba amoureux de la lune.

« Viens faire un tour dans mon ballon, on ira voir l'homme de la lune » mais attention ce que l'on « croit être en train de faire n'est pas ce qu'on fait… en réalité on raconte une histoire. »

Une étonnante et superbe découverte grâce à une cabane à livre, et l'envie d'explorer plus encore l'univers de Tom Spanbauer (1946- ) né à Pocatello, Idaho.

Une lecture envoûtante. Un coup de coeur.
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Ce roman de Tom Spanbauer raconte la vie d'un garçon métisse indien qui est un bardache.

Le garçon indien en question s'appelle Duivichi-un-Dua mais il est appelé « cabane » ou « dans-la-cabane » parce qu'il vit et se prostitue à la suite de sa mère dans une cabane à côté du saloon. Cabane est donc un jeune homme plutôt heureux et à l'aise dans son rôle et son environnement même s'il se donne à des hommes et des femmes « dans la cabane ».
Il part à la recherche de son identité, et quitte son environnement rassurant pour se confronter à une réalité difficile. Il est une sorte de candide des temps modernes qui découvre toutes les bassesses de la nature humaine et les acceptent telles qu'elles.

Cela se passe à la fin du XIXème siècle, à l'époque où tout est possible, tous les personnages hauts en couleurs sont criants de vérité. On retrouve donc le violeur, l'assassin, les indiens réduits à néants dans des réserves misérables, le shérif pourri, le cow-boy raciste, la pute de saloon, le débile du village, etc. On est donc face à une kyrielle de personnages tous plus captivants, pittoresques et attachants les uns que les autres.

L'histoire envoutante de dans-la-cabane, de Dave et de son foutu-chien ajoutée à l'intrigue poignante et doublée d'une écriture poétique puissante m'a emmené avec Cabane dans la cabane, et j'en suis sortie profondément bouleversée. C'est un roman passionnant, avec juste ce qu'il faut de rebondissements, et dont le final nous fait méditer sur la nature humaine, la tolérance, l'amour, et également l'histoire du peuple indien.
On voit à travers les yeux de Cabane, on suit son parcours, sa spiritualité, son incompréhension d'un monde blanc-indien.

Voilà une vraie perle, qui mériterait d'être plus connue.
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Je n'ai vraiment pas accroché...
Pourtant, le début du roman semblait prometteur. L'auteur dénonce de façon récurrente la façon dont les Amérindiens sont traités dans les Etats-Unis de l'époque et évoque, à de nombreuses reprises, les rites des tribus indiennes dont se souvient Cabane.
Mais je trouve qu'on tombe bien vite dans la caricature étant donné la galerie de personnages que l'on rencontre : des juifs, les Indiens d'Amérique, des homosexuels, les Mormons et j'en passe. L'auteur semble disperser sa sympathie jusqu'à ne plus savoir à qui la distribuer !
Un autre problème : le vocabulaire. Cabane a été élevé dans une maison close (par une tenancière juive et économe - voire radine - bien entendu). Et du coup, toutes les trois lignes (du moins c'est l'impression que cela donne), on croise les mots . Je n'ai rien contre le langage cru utilisé dans certains romans : il permet parfois à l'auteur de faire passer un message ou de créer une certaine ambiance. Mais quand cela devient trop répétitif, c'est juste agaçant : j'en suis arrivée au point où je levais les yeux au ciel dès que Cabane s'intéressait à un autre être humain, sachant d'avance dans quel monologue il allait se lancer. Et un roman qui me fait lever les yeux au ciel n'a aucune chance de devenir un coup de coeur en cours de lecture...
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J'ai beaucoup aimé l'aspect BERDACHE du roman, sujet rarissime. Bien sûr, puisque les berdaches étaient un peu sorcier, fumaient et avaient des visions, le roman peut être parfois difficile à lire. Mais, en sommes toutes, ça se lit quand même assez bien.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L’hôtel était toujours rose et rose était la couleur du crépuscule la première fois que je levai les yeux vers lui. Je me traînai hors de la diligence, m’occupai de mes bagages. C’est elle que j’entendis en premier, elle chantait la chanson de l’Homme de la-lune; la voix grave et pareille à quelque chose qui est sur le point de se briser. J’observai mes pieds qui montaient les sept marches de bois, mes oreilles écoutaient leur bruit familier. Je regardai par la fenêtre. Ida Richilieu portait la robe bleue.
Elle ne me vit pas, ou n’en laissa rien paraître. Je fis le tour de l’hôtel, fenêtres ouvertes, son chant m’accompagnait. Pas de draps sur la corde à linge. Le sol n’était plus rose. Je m’arrêtai à la cabane. La porte de devant était cadenassée. J’appuyai mon visage contre la fenêtre. Cette fenêtre par laquelle Elen Finton avait été la dernière à voir ma mère vivante. Mon lit était là, recouvert par ma Hudson Bay. La peau de daim . Le jupon qui servait de rideau pendait toujours du vieux manche à balai qui servait de tringle. La natte sur le sol. La lampe à pétrole sur son support, des allumettes consumées à côté. Les mêmes allumettes. Exactement comme je les avais laissées.
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Si vous êtes le diable, c'est pas moi qui raconte cette histoire. Pas moi qui suis Dans-la-cabane. C'est le nom qu'elle m'a donné sans même savoir. Elle c'est-à-dire Ida Richilieu, et plus tard, après ce qui est arrivé là-haut dans la Passe du Diable, on l'appelait Ida-Jambes-de-bois.
Hé-toi et Viens-par-ici-mon-gars, je me figurais que c'était aussi mes noms. Les premières dix années ou à peu près, j'ai cru être celui que désignaient ces mots tybo. Tybo, c'est-à-dire « homme blanc », dans ma langue. Ma langue, c'est-à-dire quelques mots que j'arrive encore à me rappeler.
Ma mère était une Bannock, elle travaillait pour Ida : le ménage, et quand un homme se sentait l'envie de tâter de la métisse. C'est comme ça que je suis venu au monde – ou le je croyais. Ma mère m'appelait Duivichi-un-Dua, ce qui veut dire quelque chose, ce qui veut dire que j'étais quelqu'un à avoir un nom comme ça – et pas comme Dans-la-cabane.
Il m'a fallu longtemps pour découvrir ce que signifie mon nom indien. Une des raisons, c'est parce que ce n'est pas un nom bannock, mais un nom shoshone, alors aucun Bannock a jamais pu m'expliquer quand je posais la question. Toujours cru que ma mère était une Bannock. Je suppose que c'était une Shoshone. Sinon, pourquoi elle m'aurait donné un nom shoshone ?
Ma mère est morte quand j'étais qu'un gamin de dix ou onze ans. Tuée par un nommé Bily Blizzard. Une des choses dont je me souviens au sujet de ma mère est qu'elle m'a donné mon nom et que je ne devais jamais répondre quand j'entendais mon nom, parce que c'était peut-être le diable qui appelait. Si quelqu'un m'appelait par mon nom, je devais tout de suite répondre que c'était pas moi. Une autre chose dont je me souviens, à propos de ma mère, c'est juste avant que je m'endorme, et alors, elle n'est qu'un parfum et un sentiment pour lesquels j'ai pas de mots.
Après la mort de ma mère, je l'ai remplacée chez Ida, à faire le ménage et les petites corvées. Certaines nuits, dans la cabane, quand la lune devenait trop brillante et les choses trop tranquilles, quand je n'entendais plus que les battements de mon coeur et ma respiration trop haletante, je grimpais sur la pointe des pieds l'escalier de derrière Chez Ida jusqu'au second étage, et j'observais Ida par la fenêtre. Ida était assise dans son cercle de lumière, la lampe à pétrole donnait à sa chambre une teinte rose. Si c'était l'hiver, Ida était emmitouflée dans sa courtepointe. Si c'était l'été, elle n'avait presque rien sur le dos. Mais hiver comme été, on trouvait toujours Ida dans son cercle de lumière, tard le soir, après le travail ; elle écrivait son journal, où elle parlait de la vie et du fait d'être maire.
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C’est une coutume indienne, et voici comment ça se passe: on couche le bébé sur le ventre. D’un côté du bébé, on met un arc et une plume, de l’autre une gourde et un panier. Si le bébé est un garçon et qu’il essaie de prendre l’arc et la plume – alors c’est un garçon selon l’idée que les tybos s’en font, dont l’histoire-sexe d’humain sera pareille à celle de tout garçon, et y a intérêt.

Mais si le garçon veut prendre la gourde et le panier, ou la fille l’arc et la plume, alors, en tybo, ça vous donne un garçon ou une fille dont l’histoire-sexe d’humaine est une chose sur laquelle il faut faire silence.

En langue indienne, il y a des mots pour vous si vous choisissez d’une autre façon que la plupart des bébés. Je ne sais pas comment on dit, mais je sais que ces mots ne sont pas du tout comme ceux des tybos. En langue indienne, ils signifient « homme-panier » ou bien « fille-arc ». Et puis il y a le mot bardache.
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