[Avant une partie -qu'il a gagnée- contre le meilleur joueur du monde]
Pendant les jours précédant cette partie, de nombreuses personnes m'ont interrogé sur mon attitude. Je pouvais seulement répondre qu'il n'y avait véritablement aucun doute sur l'issue, que j'allais seulement essayer de ne pas subir une défaite trop honteuse. Je n'avais, cependant pas abandonné tout espoir. J'avais d'assez bonnes statistiques en jouant avec les pions noirs, quand j'utilisais une stratégie de survie dans la zone d'influence de l'adversaire ; je me disais que peut-être, si je jouais noir...
Pourtant, le Meijin m'était supérieur, que ce soit pour le talent, la rage de vaincre ou l'état d'esprit. Le seul domaine où nous étions à égalité était de deviner correctement entre pair et impair [pour choisir de jouer avec les pions noirs ou blancs]. Je décidai donc de tout miser sur cette devinette, et passai mes jours et mes nuits à travailler fiévreusement les débuts de partie avec noir. C'était ma seule chance. Je me sentais condamné à abandonner si je jouais blanc.
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