Doux printemps ne revenez pas...
Doux printemps ne revenez pas
Avec tant d’appas
Vous opposer à ma mélancolie :
Depuis qu’une Beauté que j’aimais chèrement
Se trouve ensevelie,
Tous mes plaisirs sont dans le monument.
Ô beaux jours si tôt allongés,
Que vous m’affligez
Moi qui toujours ai des pensers si sombres ;
Dès lors que le sujet de ma félicité
Erre parmi les ombres,
J’ai de l’horreur quand je vois la clarté.
Claires eaux qui lavez des fleurs
Ainsi que mes pleurs,
Votre cristal a pour moi quelques charmes :
En mon affliction j’aime à voir votre cours,
Il ressemble à mes larmes,
La mort a fait qu’elles coulent toujours.