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Citations de Tristan L`Hermite (35)


Tristan L'Hermite
LE PROMENOIR DE DEUX AMANTS
( Extraits )

Je tremble en voyant ton visage
Flotter avecque mes désirs,
Tant j’ai de peur que mes soupirs
Ne lui fassent faire naufrage...

Veux-tu par un doux privilège
Me mettre au-dessus des humains ?
Fais-moi boire au creux de tes mains
Si l’eau n’en dissout point la neige...

Ta bouche d’un baiser humide
Pourrait amortir ce grand feu :
De crainte de pécher un peu
N’achève pas un homicide

Chimène, ce baiser m’enivre,
Cet autre me rend tout transi.
Si je ne meurs de celui-ci,
Je ne suis pas digne de vivre.
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Tristan L'Hermite
Mais voici venir le montant,
Les ondes demi-courroucées
Peu à peu vont empiétant
Les bornes qu'elles ont laissées.
Les vagues, d'un cours diligent,
À longs plis de verre ou d'argent
Se viennent rompre sur la rive
Où leur débris fait à tous coups
Rejaillir une source vive
De perles parmi les cailloux.
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Tristan L'Hermite
Doux printemps ne revenez pas...


   Doux printemps ne revenez pas
      Avec tant d’appas
   Vous opposer à ma mélancolie :
Depuis qu’une Beauté que j’aimais chèrement
      Se trouve ensevelie,
   Tous mes plaisirs sont dans le monument.

   Ô beaux jours si tôt allongés,
      Que vous m’affligez
Moi qui toujours ai des pensers si sombres ;
   Dès lors que le sujet de ma félicité
      Erre parmi les ombres,
   J’ai de l’horreur quand je vois la clarté.

   Claires eaux qui lavez des fleurs
      Ainsi que mes pleurs,
   Votre cristal a pour moi quelques charmes :
En mon affliction j’aime à voir votre cours,
      Il ressemble à mes larmes,
   La mort a fait qu’elles coulent toujours.
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Tristan L'Hermite
La belle Esclave maure

Beau monstre de Nature, il est vrai, ton visage
Est noir au dernier point, mais beau parfaitement :
Et l’Ebène poli qui te sert d’ornement
Sur le plus blanc ivoire emporte l’avantage.

Ô merveille divine, inconnue à notre âge !
Qu’un objet ténébreux luise si clairement ;
Et qu’un charbon éteint, brûle plus vivement
Que ceux qui de la flamme entretiennent l’usage !

Entre ces noires mains je mets ma liberté ;
Moi qui fus invincible à toute autre Beauté,
Une Maure m’embrasse, une Esclave me dompte.

Mais cache-toi, Soleil, toi qui viens de ces lieux
D’où cet Astre est venu, qui porte pour ta honte
La nuit sur son visage, et le jour dans ses yeux.
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Tristan L'Hermite
D’où vient qu’un penser indiscret
M’entretient toujours en secret
D’un sujet qui m’est si contraire,
Et convaincu de trahison
Ne saurait jamais se distraire
De me présenter du poison ?

Quel doux et cruel mouvement
Veut rendre ainsi de mon tourment
Mes volontés mêmes complices ?
Et flattant de nouveaux désirs,
Sous l’apparence des délices,
Me déguise les déplaisirs ?

Après tant de regrets conçus
Et tant d’aiguillons aperçus
Sous le trompeur éclat des roses,
Suis-je bien assez malheureux
Pour permettre aux plus belles choses
De me rendre encore amoureux ?

Après tant de vives douleurs,
Après tant de sang et de pleurs
Que j’ai versés dessus ma flamme,
Aurais-je l’indiscrétion
De livrer encore mon âme
Au pouvoir de ma passion ?

Ô prudente et forte raison
Qui m’as tiré d’une prison
Où je répandais tant de larmes,
Je n’ai recours qu’à ta bonté,
Veuille encore prendre les armes
Pour défendre ma liberté.

J’aperçois déjà mon trépas
Couvert des innocents appas
Que Philis sait mettre en usage,
Philis ce chef d’oeuvre des cieux,
Qui n’a de douceur qu’au visage
Ni d’amour que dans ses beaux yeux.

Ô raison, céleste flambeau,
Achève un ouvrage si beau.
Mais quoi, tu perds cette victoire,
Et malgré tes sages propos,
L’objet qui règne en ma mémoire
Vient encore troubler mon repos.
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Soupir, subtil esprit de flamme
Qui sors du beau sein de Madame,
Que fait son coeur, apprends-le-moi ?
Me conserve-t-il bien la foi ?
Ne serais-tu pas l’interprète
D’une autre passion secrète
Ô cieux ! qui d’un si rare effort
Mites tant de vertus en elle,
Détournez un si mauvais sort
Qu’elle ne soit point infidèle,
Et faites plutôt que la belle
Vienne à soupirer de ma mort,
Que non pas d’une amour nouvel
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Il paroist que les traits de bonté dont vous m'honorez m'aportent presque autant de trouble qu'ils vous acquièrent de gloire, et que dans la haste que i'ay de vous en exprimer le ressentiment, ie mets toutes choses en oeuure. En effet il semble que ie ne donne cette pièce de Théâtre au iour, que pour mettre ma recognoissance en veuë : et que ie ne faits publier cette Mort que pour apprendre à tout le monde que ie vous ay voué ma vie.
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Tristan L'Hermite
Fais-moi boire au creux de tes mains
Si l'eau n'en dissout point la neige.
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En tout temps, ô César ! On ne peut faire mieux
Que de se préparer aux volontés des Dieux !
Puisque le frêle fil dont dépend notre vie,
Finit quand il leur plaît, non selon notre envie !
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[...]
Où bien loin du murmure et de l'empressement,
Je puisse entretenir mes livres doucement.

(Sénèque à Néron - Acte I, scène II).
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Pour augmenter l'affront que l'injuste licence
A fait à l'innocence,
Un absolu pouvoir rend mon corps prisonnier :
Mais en quelque péril que le malheur m'engage,
J'aurai cet avantage
Que mon coeur pour le moins se rendra le dernier.
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Plaintes d’Acante

POUR UNE EXCELLENTE BEAUTÉ QUI SE MIRAIT


Amarille en se regardant
Pour se conseiller de sa grâce
Met aujourd’hui des feux dans cette glace
Et d’un cristal commun fait un Miroir ardent.

Ainsi touché d’un soin pareil
Tous les matins l’Astre du monde
Lorsqu’il se lève en se mirant dans l’onde
Pense tout étonné voir un autre Soleil.

Ainsi l’ingrat Chasseur dompté
Par les seuls traits de son image,
Penché sur l’eau, fit le premier hommage
De ses nouveaux désirs à sa propre beauté.

En ce lieu, deux hôtes des Cieux
Se content un sacré mystère ;
Si revêtus des robes de Cythère
Ce ne sont deux Amours qui se font les doux yeux.

Ces doigts agençant ces cheveux,
Doux flots où ma raison se noie,
Ne touchent pas un seul filet de soie
Qui ne soit le sujet de plus de mille vœux.

Ô Dieux ! que de charmants appas,
Que d’œillets, de lys et de roses,
Que de clartés et que d’aimables choses
Amarille détruit en s’écartant d’un pas !

Si par un magique savoir
On les retenait dans ce verre,
Le plus grand Roi qui soit dessus la terre
Voudrait changer son sceptre avecque ce Miroir.
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Ce vif ressentiment d'une amour véritable,
Aggrave son offense et la rend plus coupable,
Et son ingratitude est une lâcheté,
Pire que l'homicide et l'impudicité.
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Cher Thirinte, je connais bien que ma résistance est inutile, et que vous voulez absolument savoir tout le cours de ma vie, et quelles ont esté jusqu'icy les postures de ma fortune. Je n'ay pas résolu de faire languir davantage vostre curieux désir ; mais j'ay bien de la peine à prendre la résolution d'y satisfaire. Comment auray-je la hardiesse de mettre au jour des aventures si peu considérables ? Et comment est-il possible que vous rencontriez quelque douceur en des matières où j'ay trouvé tant d'amertume ? Et que ce qui me fut si difficile à supporter, vous soit agréable à lire ?

Puis, que dira-t'on de ma témérité d'avoir osé moy-méme écrire ma vie avec un stile qui a si peu de grâce et de vigueur ? Veu qu'on a bien osé blâmer un des plus excellens esprits de ce siècle, à cause qu'il se met quelquesfois en jeu dans les nobles et vigoureux essais de sa plume ? Il est vray que ce merveilleux génie parle quelquesfois à son avantage en se dépeignant luy méme : et je puis dire que n'ayant aucune matiere de me loüer en cet ouvrage, je ne prétends que de m'y plaindre.

Je n'écris pas un poëme illustre, où je me veüille introduire comme un héros ; je trace une histoire déplorable, où je ne parois que comme un objet de pitié, et comme un joüet des passions des astres et de la fortune.
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C'est avecque raison que mon humeur est sombre,
Ma gloire n'est qu'un songe, et ma grandeur qu'une ombre :
Si lorsque tout le monde en redoute l'effet,
Je brûle d'un désir qui n'est point satisfait.
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Ce qu'écrit le destin, ne peut être effacé,
Il faut bon gré, mal gré, que l'âme résolue
Suive ce qu'a marqué sa puissance absolue :
De ses pièges secrets on ne peut s'affranchir,
Nous y courons plus droit en pensant les gauchir.
L'homme à qui la fortune a fait des avantages,
Est comme le vaisseau sauvé de cent orages ;
Qui sujet toutefois aux caprices du sort,
Peut se perdre à la rade, ou périr dans le port.
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Fantôme injurieux qui troubles mon repos,
Ne renouvelle plus tes insolents propos ;
Va dans l'ombre éternelle, ombre pleine d'envie,
Et ne te mêle pas de censurer ma vie :
Je suis assez savant en l'art de bien régner,
Sans que ton vain courroux me la vienne enseigner.
Et j'ai trop sûrement affermi mon Empire
Pour craindre les malheurs que tu me viens prédire :
Je donnerai bon ordre à tous les accidents,
Qui n'étant point prévus, perdent les imprudents.
Mais quoi ? Le front me sue, et je suis hors d'haleine ;
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LES CHEVEUX BLONDS
SONNET


Fin or, de qui le prix est sans comparaison,
Clairs rayons d'un Soleil, douce et subtile trame
Dont la molle étendue a des ondes de flame
Où l'Amour mille fois a noyé ma raison,

Beau poil, votre franchise est une trahison,
Faut-il qu'en vous montrant vous me cachiez Madame ?
N'était-ce pas assez de captiver mon âme
Sans retenir ainsi ce beau corps en prison ?

Mais, ô doux flots dorés, votre orgueil se rabaisse ;
Sous la sévérité d'une main qui vous presse,
Voua allez comme moi perdre la liberté.

Et j'ai le bien de voir une fois en ma vie
Qu'en liant le beau poil qui me tient arrêté,
On ôte la franchise à qui me l'a ravie.

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JALOUSIE


Telle qu’était Diane, alors qu’imprudemment
L’infortuné Chasseur la voyait toute nue ;
Telle dedans un Bain Clorinde s’est tenue,
N’ayant le corps vêtu que d’un moite Élément.

Quelque Dieu dans ces eaux caché secrètement
A vu tous les appas dont la Belle est pourvue :
Mais s’il n’en avait eu seulement que la vue,
Je serais moins jaloux de son contentement.

Le traître, l’insolent, n’étant qu’une eau versée,
L’a baisée en tous lieux, l’a toujours embrassée ;
J’enrage de colère à m’en ressouvenir.

Cependant cet Objet dont je suis Idolâtre
Après tous ces excès n’a fait pour le punir
Que donner à son Onde une couleur d’albâtre.
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Tristan L'Hermite
Sitôt que notre esprit raisonne tant soit peu,
En l'Avril de nos ans, en l'âge le plus tendre,
Nous rencontrons l'amour qui met nos cœurs en feu,
Puis nous trouvons la mort qui met nos corps en cendre.

Le temps qui, sans repos, va d'un pas si léger,
Emporte avecque lui toutes les belles choses ;
C'est pour nous avertir de le bien ménager
Et faire des bouquets en la saison des roses.

Consolation à Idalie sur la mort d'un parent
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