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Critiques de Un-yeong Cheon (5)
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Histoires insolites de Corée

Histoires insolites de Corée est un recueil de six nouvelles compilées par l’éditeur Decrescenzo ( spécialisé dans la littérature coréenne). Je ne vais vous parler que de deux nouvelles qui m’ont particulièrement plu :’La tombe des crabes’ et ‘De dangereuses lectures’.





La tombe des crabes de Kwon Ji-ye. Passion amoureuse et dégustation de crabe fermenté au soja, au premier abord difficile de trouver un point commun. Mais ici, malgré les fragrances, textures tout se lie. Et l’odeur prégnante du soja réveille les sens du narrateur et d’une femme un peu particulière.



Une nouvelle pleine d’érotisme, une alchimie qui mélange crabe et sauce soja dans une atmosphère de relation amoureuse pour le moins énigmatique.



« Quand ils faisaient la marinade de crabe au soja, elle ne mangeait rien d’autre que cela et du riz pendant des jours. Alors l’odeur se répandait dans tout leur petit appartement. Une odeur douceâtre de poisson et d’urine dont tout s’imprégnait, y compris sa bouche et ses doigts. Jusqu’à ses parties intimes qui, la nuit, semblaient l’exhaler »



La deuxième nouvelle que j’ai choisi est donc celle de ‘Dangereuses lectures’ de Kim Kyung-Uk. Ou la littérature est utilisée comme remède du coeur et de l’âme. Le narrateur, bibliothérapeute soigne une patiente qui a perdu l’estime d’elle même. Mais progressivement celui-ci va tomber amoureux de sa patiente. Thérapie qui ne sera pas sans conséquence pour ce médecin.



Je pratique la bibliothérapie, c’est-à-dire la guérison du coeur par la lecture. Comme un médecin faisant un diagnostic et une ordonnance, j’examine l’état mental de ceux qui viennent me consulter et leur recommande des lectures susceptibles de les aider . après tout, les médicaments agissent à quatre-vingt pour cent par effet placebo, alors dans mon domaine, rien ne vaut la lecture pour obtenir ce résultat. Quand à ses effets secondaires, ils sont pratiquement nuls. Et pour ce qui est de la dépendance, elle ne peut-être que bénéfique dans ce cas.



Une plongée sur les pouvoirs de la lecture, on retrouvera donc également plein de références ‘alléchantes’ . On ne retrouvera pas des romans sur le bonheur intégral, mais plutôt sur une introspection partagée entre en bibliothérapeute et sa patiente. Pour n’en citer que quelques-uns : ‘l’amour au temps du choléra, le facteur sonne toujours deux fois, l’insoutenable légèreté de l’être, et surtout la déchéance d’un homme de Osamu Dazai.



Toutes les lectures proposées tentent de s’approcher des sources du trouble de la patiente; en se dissociant de la vie de l’écrivain : »L’auteur n’est pas le personnage, d’accord ? – Quand vous lisez, c’est vous l’auteur, compris ? »



Six nouvelles totalement insolites qui nous font découvrir un panorama de la littérature coréenne. J’ai particulièrement aimé cette nouvelle de Kim Kyung-Uk sur cette thérapie livresque.



Merci au service de Presse Decrescenzo et Babelio pour l’envoi de ce livre.
Lien : https://nounours36.wordpress..
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Adieu le cirque !

Ne connaissant quasiment rien à la littérature coréenne, j'ai sauté sur cette proposition de Masse Critique (merci à Babelio et aux éditions Serge Safran de m'avoir permis de le faire) dans l'espoir de découvrir quelque chose de profondément exotique... Mais si la découverte a été belle, ce n'a pas été à ce niveau.

Ce roman, écrit par une romancière apparement très célèbre dans son pays, mais dont seul ce livre est traduit en français, raconte d'une manière très universelle, l'échec d'un couple et de plusieurs amours. Un jeune homme, qui se sent coupable de l'accident qui a rendu son frère handicapé, l'emmène en Chine pour lui arranger un mariage avec une femme de la communauté coréenne. A l'arrivée de la jeune mariée, tout se passe bien : la belle-mère est ravie de sa bru, le mari tendre et affectueux avec sa femme... Mais bientôt, le frère préfère fuir plutôt que d'éprouver du désir pour sa belle soeur. A la mort de la mère, les rapports entre les époux changent. L'histoire est racontée à deux voix, par la jeune femme et son beau-frère, avec beaucoup de pudeur. Regrets, délicatesse des sentiments, honnêté sont très bien rendus, sans pathos ni détails inutiles, et c'est là ce qui fait toute la force de ce roman.

Cependant, même si cela reste secondaire, j'ai également apprécié la peinture de cet "entre-deux" entre la Chine et la Corée : les mariages arrangés qui permettent aux jeunes femmes et à leurs familles d'obtenir une carte de séjour en Corée, et de fuir la Chine, le mépris entre les communautés coréennes et chinoises, et plus loin dans le roman, cet univers frontalier où s'épanouit la petite contrebande...

Une lecture que je recommande chaudement !



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Histoires insolites de Corée

Merci Babelio pour m'avoir permis de lire un deuxième livre des éditions Decrescenzo. Cette forme de recueil d'histoire me plaît beaucoup, car on y trouve des styles assez semblables mais des histoires complètement différentes.

Les auteurs coréens que j'ai découvert dans Histoires insolites de Corée m'ont plu par leur originalité, leur pureté dans chaque mot. Plusieurs protagonistes vont nous raconter un bout de leur existence et c'est une belle aventure humaine qui nous attend dans ce recueil.

Entre les pensées d'une jeune tatoueuse et celle d'une femme coréenne qui se perd dans le métro pendant sa lecture, il y a le passé érotique d'un homme qui observe avec mélancolie ce que son ex lui a laissé, et d'autres personnages uniques qui soulèvent bien des questions d'actualité, de société et parfois plus psychologique qu'il n'y paraît.



L'épreuve de ces nouvelles se trouve formulée dans un récit sobre, naturel et épuré. Que ça plaise au lecteur c'est tout à fait possible, mais que ça ne plaise pas l'est aussi, alors je vous conseille de vous lancer sans apriori, et de vous plonger dans chaque nouvelle en quête d'une éducation littéraire, car il est toujours bon de se balader dans un pays étranger par sa littérature.



Encore une très bonne découverte, les ouvrages de cette maison d'édition valent le coup d'œil.
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Adieu le cirque !

Yunho accompagne son jeune frère Inho en Chine afin que ce dernier se trouve une épouse par le biais d'une agence matrimoniale. C'est que Inho a perdu la voix lors d'un accident et ses cordes vocales abîmées ne laisse désormais passer qu'un léger filet de voix. C'est Haehwa qui sera l'élue et rejoindra bientôt les deux frères ainsi que leur mère à Séoul.



Premier roman de la romancière coréenne Cheon Un-yeong, Adieu le cirque ! se penche sur le phénomène des mariages arrangés entre la Chine et la Corée. Haehwa, jeune femme timide et esseulée choisie par les 2 frères, est une "chosonjok", une chinoise appartenant à une minorité d'origine coréenne. Cette dernière s'attache peu à peu à un Inho, tout sourire. Le mariage est vite arrangé et célébré sans grande fioritures. Son union avec un "voyageur" (surnom donné à un mari étranger), son prochain départ pour la Corée sont une manière de repartir à zéro et d'oublier un premier amour qui la taraude. L'intégration de Haehwa à la famille se fait relativement facilement et cette dernière trouve sa place auprès d'un mari doux et prévenant et d'une belle-mère amicale. Seul Yunho semble en retrait avec ses regards froids et perçants. C'est une simple visite dans un musée qui provoquera la chute de cet équilibre fabriqué. La jeune mariée, renvoyée à des souvenirs forts et douloureux, à la vision d'un tombeau fait un malaise. Les mots prononcés dans sa perte de contrôle provoque chez Yunho un vif malaise : il se rend compte qu'il est obsédé par sa belle-sœur et qu'il en est même tombé amoureux. Dès lors, le grand frère va tenter de fuir le domicile familial pour devenir un de ces taitong qui trafique entre la Chine et la Corée. De son côté, Inho qui a crû un bref instant que sa femme s'était enfuie, adopte une attitude méfiante et bientôt violente qui plombe leur quotidien.



Construit sur l'alternance narrative des deux voix de Yunho et de Haehwa, le roman nous plonge au coeur des ressentis des personnages. Haehwa qui s'exile volontairement de la Chine tente en vain d'oublier un autre homme parti en Corée sans plus donner de nouvelles. Jouant un rôle protecteur et aimant auprès de son voyageur, elle semble trouver un certain équilibre. Leur relation s'avère subtile et les liens qui se créent entre eux dépasse le stade verbal difficile pour une approche plus tactile et intuitive. Pourtant, elle cache en elle une grande solitude et les souvenirs enfouis refont ponctuellement surface. Son mari Inho est un jeune homme fragile et enfantin qui a besoin d'être rassuré. Il s'attache à sa nouvelle épouse de manière forte, trouvant auprès d'elle une compagne douce et facile qui accepte son handicap. Il espère qu'elle ne fuira pas, comme certaines histoires de mariages arrangés le rapportent. Enfin, Yunho qui observe en retrait le bonheur de ce nouveau couple cache aussi en lui une faille. Homme solitaire, il se rend coupable de l'accident qui a coûté la voix de son frère. Chargé de la bonne marche de la famille, de la responsabilité de son frère, il souhaite d'une certaine manière se décharger de ce poids encombrant. Ses sentiments naissants pour sa belle-soeur le bouleversent et sont alors l'occasion pour lui de fuir une réalité insupportable pour devenir un de ces trafiquants invisibles. La belle représentation familiale est prête à se briser.



Adieu le cirque ! s'ouvre sur un spectacle de cirque : un spectacle qui rappelle les propres acrobaties de Inho, au cœur de son accident. C'est aussi le cirque du quotidien dans lequel s'enferme les personnages, en prise avec les faux-semblants qui les engluent dans leur propre vie. Une vie factice qui ne les soigne pas de leur solitude, où les individus se croisent temporairement pour mieux retourner à leur errance désespérée.



A travers le parcours de ces 3 personnages, l'auteure n'hésite pas à égratigner l'image de la société coréenne. Dénonçant les mariages arrangés entre communautés coréennes et chinoises, elle donne à voir la difficulté d'intégration de ces jeunes femmes exilées. Victimes de mauvais traitements, de viols conjugaux, certaines doivent faire face à un quotidien difficile au sein de leur nouvelle famille qui les pousse à une fuite vitale. Obligées de travailler pour subvenir à leurs besoins, elles sont astreintes à des boulots mal payés, à une vie de fuyarde, parfois même obligées de se prostituer. D'autres encore utilisent le mariage pour obtenir une carte de séjour bien pratique avant de s'enfuir et de faire venir le reste de leur famille.



Les hommes cherchant une épouse étrangère sont de leur côté mal considérés et on le découvre à travers le regard dégoûté de Yunho :

" Je m'efforçais de ne pas les regarder. Si je croisais le regard de l'homme à la tache rouge, l'envie me prenait de lui frotter le visage avec du papier de verre ; si je regardais l'homme à la porcherie, la scène du coït des cochons me venait à l'esprit. Devant mes yeux tournoyaient des images de nains grimpés sur des femmes nues... "



Revenant sur le statut des Chosonjok, sur les Taitong, sur l'histoire coréenne en arrière-fond, l'auteur écrit pourtant un roman sur les désillusions individuelles, sur les amours impossibles et déçues. La vie semble un poids inéluctable pour tous les personnages et seule la mort (à travers le personnage de la belle-mère) semble libératrice. A l'aide d'une écriture poétique et subtile , Cheon Un-yeong nous offre de très belles pages sur ces destinées liées par l'échec. Déployant une prose délicate, elle nous convie à une rencontre troublante avec la Corée, ses traditions mais aussi ses désillusions.



Un joli petit coup de coeur que cet Adieu le cirque ! Découvrez-le !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Histoires insolites de Corée

Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditeurs Decrescenzo de m'avoir accordé leur confiance pour ma première Masse Critique.



J'ai choisi ce recueil de nouvelles car j'ai pu goûter à la culture coréenne lors d'un bref séjour à Séoul qui a su me charmer. Modernité, histoire, traditions, cuisine, paysages, pop culture, hospitalité... Ce séjour a fait naître dans mon cœur l'étincelle nécessaire pour que je me tourne vers la littérature coréenne.



Le livre en lui-même, deux fois aussi haut que large, fait un peu mal aux mains quand on veut le garder grand ouvert, mais l'avantage est que l’œil peut englober d'un coup la totalité d'un paragraphe, ce qui fait que ma lecture a pu être rapide.

Il se compose de six nouvelles de longueur à peu près égale, soit trente-cinq pages en moyenne chacune.



En lisant la quatrième de couverture, j'ai su que les thèmes de ce livre me plairaient. Il faut dire que pas moins de trois nouvelles parlent de livres, de lecture et d'écrivains, mais aussi que l'ensemble baigne dans le fantastique, voire dans la science-fiction.



Je vais tâcher de commenter chaque nouvelle, mais il me faut vous avertir que ce commentaire comportera quelques informations (pas vraiment des spoilers) qui pourraient vous en dire trop sur le contenu. Si vous préférez ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture de cett ouvrage, je vous recommande d'arrêter de lire cette chronique maintenant.







Six nouvelles insolites qui baignent dans l’étrange, pour un ensemble cohérent qui pousse à la réflexion sur des thèmes variés. Une maison d'édition que j'ai eu le plaisir de découvrir grâce à cet ouvrage et que je remercie de nous apporter une littérature encore injustement peu connue.
Lien : https://lecturoir.wordpress...
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