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Citation de valerieboisgel


Préface de Pierre Bourgeade
On l’a souvent dit, et comment ne pas le redire, il y a une manière particulière aux femmes d’appréhender et d’exprimer la situation amoureuse. Quoi de plus naturel, après tout ? Si les corps sont dissemblables, désirs, sensations, écriture ne peuvent manquer de l’être ! On le sait, mais on fait souvent comme si on ne le savait pas, puisque malgré l’importance de plus en plus grande que prend, dans notre monde, la parole féminine, la littérature reste en grande partie une sorte de « chasse gardée » des hommes. L’essai, le roman, le journal intime, sont un domaine qu’ils paraissent s’être appropriés non moins que la philosophie, la politique, les sciences, etc. Il y a bien sûr, à cela, des exceptions, aussi brillantes que rares, mais elles sont accompagnées souvent, d’un parfum de scandale, qu’un écrit analogue, signé d’un homme, ne répandrait pas. Tout se passe comme si, depuis très longtemps et jusqu’à nos jours, l’homme se sentait fondé à connaître le corps de la femme, et à en parler, mieux qu’elle ne saurait le faire elle-même.
Quelques femmes pourtant, conscientes de faire partie du petit nombre des rebelles - l’exception féminine ? - ne craignent pas de chercher à savoir ce qu’elles sont, ce qu’elles font, et à l’écrire. Ainsi Valérie Boisgel, une fois de plus, après « De l’aube à la nuit », dans ces nouvelles – textes qui étonneront, feront scandale, peut-être… Que lui importe ? Ecrire, c’est avouer, elle le sait.
L’entreprise est d’autant plus difficile que celle qui s’y livre ne semble pas s’efforcer de faire sienne une parole « féminine-masculine » , si l’on ose dire, comme nombre de ses consoeurs qui, écrivant en femmes, restent évidemment marquées par la prééminence du modèle masculin (certaines d’entre elles écrivant d’ailleurs sous des pseudonymes masculins, aveu d’impuissance à soi-même) , mais s’offre telle quelle, « féminine-féminine » , au risque de voir incompris, sinon rejeté ce discours inattendu.
Pourtant, ainsi que le signifia Godard, par l’inoubliable Anna Karina dans « une femme est une femme », c’est en femme qu’elle vit, qu’elle agit, qu’elle parle, qu’elle écrit. Et cela d’autant moins que Valérie Boisgel se veut et se vit moins dans la séduction que dans la soumission, moins dans l’égalité que dans le don.
On pressent à cela, que cette parole littéraire est aussi une parole politique.
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