Valérie Macraigne

« Il vient d'où, ton accent ?
_Je n'ai pas d'accent. VOUS avez un accent, fit remarquer Arnie. Reformule ta question. »
Tyler sourit, et finit par se reprendre :
« Ok, alors tu viens d'où ?
_Je suis né à Innsbruck, en Autriche, le 28 avril 1973. Autre chose ?
_Tu faisais quoi, dans la vie ? »
L'Européen regarda alors fixement devant lui, ou plutôt vaguement. Il ne semblait pas observer quelque chose de précis. Plongé dans ses souvenirs, il tira une longue bouffée de nicotine et s'immobilisa à nouveau.
Tyler jeta un œil à Mike, se demandant si ça valait la peine d'attendre une réponse. Celui-ci ne fit pas attention à lui.
Finalement, une volute de fumée horizontale attira son regard, et Arnie lui répondit :
« J'étais musicien. »

« Bon... c'est quoi cette taule, j'ai jamais entendu parler d'un truc pareil.
_C'est un centre de détention expérimental. Tu as du signer un papier comme quoi tu acceptais de réduire ta peine d’emprisonnement de moitié si tu venais ici, intervint Mike. La seconde moitié, tu la passeras dehors, en liberté surveillée. »
Tyler fronça les sourcils.
« Un papier ? Quel papier ?
_Sauf si tu as plaidé la folie passagère aux moments des faits. Dans ce cas ce sont tes proches parents et ton avocat qui ont pris la décision.
_Putain... soupira-t-il.
_T'étais au courant de rien ? » s'en étonna Arnie.
Tyler secoua la tête :
« Non, rien du tout. »
Abasourdi, il jeta un œil à travers le grillage, et vit les hommes qui se trouvaient là, dans ce cube. Ils marchaient, discutaient, observaient leurs congénères comme il le faisait lui-même à l'instant. Ça avait l'air tranquille. Mais qu'est-ce qui se cachait derrière tout ça ? Il y avait qui, là-haut ? Et pourquoi ? Pourquoi lui ?
« Si j'avais su...
_T'aurais signé ce papier », fit Mike avec un sourire.

« Matricule 9-9-7, annonça fortement Redford, en le serrant toujours par le bras. Cellule numéro 32. Premier étage. À gauche. Répétez. »
Tyler lui jeta un regard, avant de tourner la tête dans la même direction que lui, en avant.
« Euh... Matricule 9-9-7... Cellule numéro 32... bredouilla-t-il. Vous savez je vais pas me barrer, vous pouvez me lâch... »
Le deuxième rideau de fer glissa sur ses rails devant eux. Redford le fit s'avancer, le lâcha brutalement et recula d'un pas. Tyler se retrouva alors seul face aux derniers barreaux le séparant du quartier cellulaire. À cette seconde précise, il aurait préféré être mort.