[ 3.5/5 ] SOMMAIRE :
le Mal Blanc, Anne ROSSI
Genesis, Béatrice CANDEY
Crise Lunaire, Cindy MEZNI
À l'Aube de tes Chaînes, Vanessa MARS
L'Étreinte de la Lune, Nolwenn GAL
Ce que j'en ai pensé — Nouvelles classées de la moins à la plus appréciée :
J'ai trouvé l'intrigue de Genesis assez téléphonée. On commence par un petit footing, l'héroïne se sent épiée et file travailler. Elle se cache dans la pénombre du club de striptease où elle danse tous les soirs, traquée par tous les loups-garous du pays pour ce gène unique qu'elle possède. Elle n'est pas devenue lycanthrope comme tous les autres, elle est née ainsi. Elle représente donc une chance inespérée de renouveler le patrimoine génétique pour la meute qui la recueillera. Autant dire qu'on ne fait que peu de cas de sa façon de voir les choses, elle ressemble plutôt au premier prix d'une loterie. Je n'ai pas accroché au personnage que j'ai trouvé assez mal géré. En un instant, elle passe d'une volonté inébranlable de se faire toute petite / de ne pas chasser à une louve aux appétits insatiables, d'une candeur adorable à l'absence de remords à tuer les siens, d'une soif d'indépendance au soudain besoin de se lier à l'un des Alphas venant à sa rencontre. Les phrases sont souvent trop longues, sans parler d'une horrible coquille au début de la nouvelle : « charger de conserve », au lieu de « concert ».
Crise Lunaire est déjà plus sombre, plus cru. Elle relate les caprices d'une louve s'amusant à transformer des hommes à tour de bras, pour une raison qui sera dévoilée au fur et à mesure de l'intrigue. Les conséquences pour la meute sont désastreuses, puisque chaque nouvelle transformation amène un nouveau mâle ayant soif d'autorité et que cela finit presque systématiquement en duel mortel. On suit un jeune homme transformé dans ces conditions, mais qui a survécu à la confrontation avec le mâle dominant. Il y a un étrange jeu de séduction/répulsion entre la louve et lui, autant d'amour que de haine. Ces loups-garous-là marchent sur deux pattes et ne sont pas très agréables à regarder. J'ai malheureusement eu du mal avec certaines de leurs réactions que j'ai trouvées un peu simplistes, comme le plan imparfait mis en place par Shannen ou le temps que met Rhett à réaliser les conséquences pourtant évidentes du grand final.
L'Étreinte de la Lune aborde les premiers temps d'une transformation, deux frères garous tentant de retrouver leur ami « nouveau-né ». Ce dernier, encore chamboulé par la première métamorphose, ne contrôle pas encore ses faits et gestes et a fugué de leur abri au milieu de nulle part. le danger que le secret des garous soit brisé est réel, il faut donc le retrouver au plus vite… et le maîtriser jusqu'à maturité. Dans cette nouvelle, l'accent est davantage mis sur la psychologie des personnages et les relations nouées entre chacun que sur l'action. L'ensemble est agréable à parcourir et je n'ai pas trouvé de faille dans la narration.
Difficile de choisir entre les deux nouvelles restantes. le Mal Blanc penche vers un univers medieval fantasy, où des hommes avides de revanche ont répandu une maladie s'attaquant aux métamorphes. Léane, paria de sa meute depuis toujours, s'en retrouve isolée pendant leur voyage vers l'antre d'une sorcière. Cette dernière constitue leur seul espoir de guérir de cette moisissure blanche qui leur couvre les pattes pour ensuite mieux les tuer. le temps manque et Léane va rencontrer deux créatures qui vont remettre sa quête en question. Changera-t-elle ses plans ? Pour le meilleur ou pour le pire ? À vous de le découvrir ! Cette nouvelle m'a charmée autant que son héroïne est attachante.
Et le meilleur pour la fin : À l'Aube de tes Chaînes. Nolwenn Gal a eu l'excellente idée de revisiter le temps des gladiateurs et d'inclure le mythe de la louve ayant élevé Rémus & Romulus, qui érigeront plus tard la ville de Rome. Ici, le héros est un homme malmené, l'un des derniers de son peuple massacré par les légions romaines. Traité comme un animal, régulièrement jeté dans l'arène dans des combats de plus en plus absurdes, il continue néanmoins de s'accrocher à la vie. Jusqu'à l'arrivée de la fille de l'Empereur qui vient lui proposer un étrange marché. Ici, se posent des questions existentielles. Qui est vraiment l'homme / la bête ? Pourquoi venir en aide à un membre du clan ennemi ? Jusqu'où peut-on être tenu pour responsable de nos actes, de nos choix ? Cette nouvelle est marquée par l'amertume, le désespoir, l'injustice… La fin trouve un écho mélancolique dans le coeur du lecteur, et le tout s'achève sur une dernière touche poétique et une très belle morale. Une oeuvre qui sonne juste et qui interpelle les consciences. Un coup de coeur pour ma part.
En conclusion :
Le principe d'une anthologie étant basé sur la variété des approches autour d'un même thème, et sur les textes de plusieurs auteurs, on y trouve souvent des disparités. Celle-ci n'y échappe pas, mais j'ai su y trouver un plaisir et un intérêt évidents. Une jolie découverte qui laisse présager de bonnes choses du côté des éditions Nergäl.
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