Doïna
Doïna, ma doïnette,
Si j’avais belle fillette
Coiffée de jaunes fleurettes
Rouges fleurs à sa bouchette,
Si j’avais amie bien tendre
Aux yeux de colombe ardente,
Et l’âme de bonne trempe,
Si j’avais blonde amoureuse
Grande, légère et joyeuse
Telle une biche soyeuse,
Ah ! Rossignol me ferais-je
Pour chanter dans la nuit fraîche
La doïna qui caresse !
Doïna, ma doïnette,
Si j’avais bonne escopette,
Trois balles dans ma musette
Et ma fidèle hachette,
Si j’avais cheval léger,
Fort comme un lion lâché ,
Et noir comme le péché
Et sept frères pour arroi,
Tout aussi mâles que moi,
Des dragons pour palefrois,
Un grand aigle deviendrais,
En plein soleil chanterais
Vengeresse doïnés
Et dirais à la fillette :
(Doïna, ma doïnette)
« Je jure sur cette croix
De bien agir avec toi. »
Et à mon cheval fidèle :
« Cours plus prompt que l’hirondelle
Au-dessus des monts, des plaines »
Et à mes frères alors :
« Signez-vous et jurez fort
De ne vous rendre que morts !
Allons-y, les gars ! Courage !
Notre pays, qu’on l’arrache
Aux païens, à l’esclavage !
(Adaptation de Jean Rousselot)