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Critiques de Veronika Boutinova (5)
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Sursum corda

Un roman très court: collection 100000 signes, publié par l'éditrice atypique Virginie Symaniec (voir Barnum). Un amour profond où le couple est le plus souvent séparé par des milliers de kilomètres (ils se lassent parfois de cette histoire impossible. Charlotte a voyagé dans les pays de l'Est mais vit chichement en France sur une péniche à rénover; en Serbie, il y a "son serbe"Zuka" surnom de Zoran, mieux que le paradis; pour lui, Charlotte est sa petite fleur.

"Nous vivons un amour numérique intense à travers l'Europe. A défaut de nous voir souvent en chair, en peau, en cheveux.

Ma vie avec Charlotte n'aura peut-être jamais lieu, mais mon mariage avec Elle est un départ. Un lien fort"

J'ai été heureuse de voir le point de vue serbe sur cette guerre fratricide; je connaissais surtout le point de vue bosniaque et croate, en particulier grâce à Vélibor Colic. Cette belle histoire d'amour m'a émue.
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L'Homme qui flotte dans ma tête

Onirique, magistral, un chant tragique magnifiquement déplié.

Le macrocosme de notre humanité tremblante de pluie.

Les migrations, noria d'oiseaux noirs en plein vol dans la tourmente. Ici, elles sont au fronton des douleurs. L'exil à l'instar de l'horizon en front de mer. Une muraille gorgée d'eau cerclée de détresse. L'abandon ultime. L'échappée de soi-même, la plénitude n'est pas. Trop de courant et d'indifférence pour un lendemain où l'Homme deviendra universel.

Ce livre est un cri du coeur. Un éclat de lumière qui perce les pages sombres et intestines.

La magnanimité des bienfaiteurs qui encensent la trame et redonnent de l'espoir. La force du vent qui contre les contraires. On écoute Veronika Boutinova.

Ce texte des itinérances, des croisées est doté de plusieurs lectures, plusieurs fragments. Chacun des morceaux d'architectures est un écho en nos poitrines. Voix des migrants, voiles blancs et larmes salées. La corne de brume qui éclate en sanglot. L'électrochoc bénéfique, la parole est donnée. Ce récit est un levier qui interpelle nos consciences. Une litanie qui exauces l'honneur des migrations. Un parchemin qui pointe du doigt là où ça fait mal. Subrepticement, il démonte des diktats un à un et souffle de l'air froid sur nos arrogances et nos faillites.

Veronika Boutinova prend place.

« Un roman mausolée », un livre-somme, la vérité terriblement humaine et sinistre. Des hommes, femmes et enfants, nos frères et soeurs en humanité, qui font de leurs périples de survivance le gain des rapaces et des passeurs. Corps jetés en pleine mer puisque l'être de chair et de sang n'est plus.

Voix qui s'élèvent, ressacs et tempêtes. L'enfant qui pleure et dérange, arraché du ventre d'une mère et tel un fardeau, lancé en pleine mer. Une contrainte de moins pour le passeur criminel. Prouver toute sa barbarie jusqu'au paroxysme de l'horreur.

Les voix sont des échos. Calais perd ses couleurs. Les résistances comme des étoiles dans les yeux. Magda est ici. Elle, qui entend la voix des disparus en mer, radeau de Géricault. La Méditerranée est un cercueil qui dérive et s'enfonce sous l'intolérable. Les corps noyés, tels des oubliés de notre planète-terre.

Symbolique, puissant, viscéral et empreint d'une souffrance vive et insistante, la voix qui murmure son éloge funèbre dans la chevelure de Magda est celle du cri des fonds marins. Tous ensemble, la concorde des finitudes, ils disent leurs histoires de vie, les batailles pour survivre. Eux, devenus l'anonyme, le néant. Magda cherche l'homme qui flotte dans sa tête. Elle si fragile et pourtant endurante. « Entre ses heures de fac, Magda parfois bénévole, distribue de la nourriture, des sourires timides, des vêtements chauds, des chaussures, des tentes, prodigue des soins ou des conseils administratifs aux exilés. Nazali, lui, dépérit, hébergé dans le garage de la maisonnée de Blériot-Plage ».

Baptiste, son frère, collecte les faits, retient les dates des drames, archiviste mémoriel. « Des mots pour susciter la connaissance, observer, ausculter, disséquer, nommer, raconter, dénoncer, témoigner, sensibiliser, engranger la mémoire des faits, analyser. Je suis l'archiviste du flot migratoire, j'ancre ici tous les écrits rédigés sur les exilés de Calais et du monde entier. Je garde la trace historique ! Tu savais que c'est en 1988 à Cadix qu'on découvrait le corps du premier migrant mort noyé ? ».

« Archimède de Syracuse, le scientifique, vers 210 avant Jésus-Christ, marche et réfléchit, réfléchit et marche, traçant des lignes sur le sol de Sicile de son long bâton noueux ».

Il est la vérité, la raison, l'implacable et conte les cartographies des noyés, ce qu'il reste d'un corps jeté en pâture aux vagues et poissons. L'eau qui défigure un visage. Les ravages comme un mausolée scientifique. Les faits qui charrient les poésies, algues gluantes. Lèvres pâles et fermées, les corps devenus un fait, juste un fait, une preuve scientifique sans état d'âme.

Blériot-Plage, fourmilière où gravite l'aide humanitaire, les cachettes et les secours. Les traquenards des vils. C'est ici que Magda puise sa voix en devenir de lumière. « La confidente des noyés » Magda prononce la Babel anéantie. Épuisée par les voix dévorantes, le génocide maritime, elle cherche l'homme emblématique, celui qui parle au nom des siens. Elle voudrait pour lui, un linceul blanc, une mer sans frontières. Un cercueil où la rédemption serait alors le triomphe. Magda l'amoureuse de Nazaré qui veut rejoindre l'Angleterre et qui serre son secret contre lui. Lui, qui vit dans le garage familial. L'abri Alcazar, la grotte glacée où Nazalé trace sur les murs sa route pour demain, peut-être, pas encore, pas maintenant. Un autre jour. Ne rien dire au frère et à la soeur, fuir en silence, redevenir anonyme. Exilé pour toujours, l'amour pour Magda sera sa couverture de survie, peut-être, si tout se passe bien.

Ce texte est un phare dont le halo se fixe sur les vérités. Sur les exilés, les bénévoles, les périples de mort. Les dérives et les radeaux percés. « C'est ça le plus dur gamin. Et quand tu vois la tête d'un enfant, tu te sens submergé d'une haine pure pour le genre humain ».

L'éloge existentiel, « une langue orientalo-arabo-africo-européenne, nouvelle et inventive, enchanteresse, mélodieuse et magique, une langue métèque formidable cousue de pashto, d'ourdou, de dari, d'arabe, de tigrinya, de persan, de bengali, d'anglais, d'allemand, d'italien, d'espagnol, de français aussi un peu, d'une pincée de grec ou de turc ».

La plus belle phrase du livre : « Le migrateur est un traducteur ».

Comme le dit Archimède de Syracuse et Veronika Boutinova dans ce livre poignant : « Donnez-moi un point d'appui et je soulèverai le monde ».

Crucial, engagé, pétri d'humanité, d'exaltante fraternité, ce livre est une polyphonie bouleversante. Une urgence de lecture. Un livre spéculatif, « L'homme qui flotte dans ma tête », est le fronton d'amour universel. Le mausolée, un chant ténébreux et essentiel, déchirant et fondamental. Un livre dont les ombres sont nos tourments pour toujours. Publié par les majeures et estimables Éditions le Ver à soie.

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Sursum corda

« Cette nécessité de sonder le sens de tant de cruauté. Sara Rosenberg, Un Fil rouge. »

Sursum corda, Haut les coeurs !

Écoutez les voix qui s'élèvent de ce récit poignant et véridique. Écorchures vives, collines meurtrières, l'herbe flambe, les enfants tombent, les murs s'effondrent. Dos à dos, tuant le frère, le voisin, son alter-égo. Pays assigné aux déchirures, écartelé par des frontières juste nées, tache au fronton de nos convictions. Les Balkans sanglotent et se recroquevillent, les souffrances indélébiles, les regards n'osent se lever vers la lumière. Trop de peur encore, pas assez de confiance, trop de non-dits et de charniers. Ce n'est pas moi, ce n'est pas lui, c'est l'autre l'ennemi mon double mon frère en acte manqué. Où suis-je ? de quel pays ? où puis-je puiser le regain des repentances ?

« Sursum corda » est le livre des résistances, des preuves, le fleuve traversé à la nage sous les balles, une page de notre Histoire. Crucial, il est une urgence de lecture. Retenez dans vos mains les litanies de Zuka et de Charlotte. Deux contraires assemblés pour les diktats sociétaux. Pour nous, ici, dans la sève des paroles, c'est l'union pacifique, ce que je désire le plus au monde. Que chacun (e) puisse vivre là où, il ou elle le désire le plus et s'aimer dans le champ des possibles. Cette certitude est ma complainte. Ici, Zuka est universel. Homme du monde, déchiqueté par les mouvances intestines. Serbe dites-vous, certes, mais Zuka ne sait qu'effleurer les cheveux, regarder les bruissements du vent, les paraboles chantantes, cordes à noeuds : Haut les coeurs ! Charlotte est française. Ils s'aiment, envers et contre tout, sur les mailles de pays qui ne se connaissent plus. Drame de notre vaste humanité. Ne pas reconnaître l'autre comme son frère ou sa soeur.

Zuka originaire de « la Krajinia, refugié en Serbie. Et puis j'ai été chassé de Knin, mon pays, j'ai été expulsé hors de ma zone de vie, de confort et de souvenirs pour être ra-patrié dans les frontières antiques de la Serbie. Ces frontières effacées par Tito.Je suis né en Yougoslavie et un jour on me dit : Tu es né en Croatie mais tu es un Serbe, donc tu dois repartir chez toi. »

Le macrocosme de « Sursum corda » est notre devoir, notre éthique, ce que nous voudrions pour nos enfants. Que la terre soit universelle. Prendre du recul pour serrer encore plus fort Zuka et Charlotte dans nos bras. Pousser du pied les méandres intestines.

« Une amie metteur en scène de Charlotte, Veronika celle qui lui avait ouvert les portes de l'Europe de l'Est… nous avait envoyé un petit mot qu'elle avait fait traduire en serbe pour moi, et que nous avons lu après la cérémonie, à voix haute, chacun notre tour, mon amoureuse et moi, chacun dans notre langue. »

« Je vais, en France. Je reviens à Belgrade. Je pars, je reviens, je repars. Charlotte vient en Serbie. Elle repart à Lille. »

Ces êtres de l'amour, où peuvent-ils puiser l'olympien des miracles renoués ? Les frontières sont des éclaboussures, les épines des roses, les barbelés qui encerclent les champs de fleurs. Comment renaître malgré le silence et les armes baissées ?

« Charlotte est tellement loin et pourtant nous sommes si proches. Nous sommes les deux mêmes personnes. Non, en vérité, nous sommes une même personne ! »

« Sursum corda » est bouleversant. J'ai besoin à présent d'aller en Serbie. Fiançailles avec un peuple mal-aimé.

« Un paria qui prône la paix et la réconciliation

Tu as la rage

KNIN.

J'ai honte d'être un humain.

Nous sommes tous des virus sur cette planète.

Trois balles dans le corps de mon père. »

Ce livre n'est pas commun. Il est pour tous. Il est un devoir de lecture, un électrochoc. On ne peut lâcher des yeux Zuka et Charlotte et c'est bien ainsi.

Acclamation !

Que ce livre écrin de Veronika Boutinova soit dédié à tous les enfants du monde. Ce livre des courages, ce livre de nuit noire est, si vous faites bien attention, un outil pour un lendemain meilleur. Mes pensées vont vers cet universel à construire et ma belle Anabela qui comprendra.

Ce sanglot long qui perce les lignes est l'hymne à la Terre, la sienne, la nôtre. Femmes et hommes du monde entier, aimez-vous ! Un cri : abolir les frontières.

Publié par les majeures Éditions le Ver à Soie, Virginie Symaniec éditrice.



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L'Homme qui flotte dans ma tête

Pour son nouveau livre, Veronika BOUTINOVA nous entraîne dans la tête de migrants dans un remarquable travail d’investigation et de mémoire. Ce roman/récit est une suite d’instantanés de parcours migratoires en des portraits déchirants. L’autrice suit certes des migrants, mais aussi des bénévoles dédiés à une tâche ardue : celle d’aider des exilés, des réfugiés.



Bateaux de fortune sur lesquels les places se paient au prix fort à des passeurs pas toujours bien scrupuleux sur la sécurité ni sur le fond de la tragédie, plutôt pressés de faire grossir le tiroir-caisse. Dans un texte entre récits de vies, poésie, fiction, faits divers et anecdotes, jamais Veronika BOUTINOVA ne perd le cap, se permet même de brefs chapitres en italique où des migrants, épuisés, désenchantés, sentent venir la mort, qui les cueille comme ça, au milieu de la mer par exemple, sans sursis.



D’autres chapitres sont consacrés à la figure d’Archimède, modernisé pour les besoins de la cause, avec détails scientifiques sur les effets de la noyade entre autres. Ce livre est aussi dense que bref, des voix s’entrechoquent, des échos surgissent, dans une polyphonie déconcertante. Car les mots, cruciaux, claquent comme un coup de fouet : « Des mots pour susciter la connaissance, observer, ausculter, disséquer, nommer, raconter, dénoncer, témoigner, sensibiliser, engranger la mémoire des faits. Je suis l’archiviste du flot migratoire, j’encre ici tous les écrits rédigés sur les exilés de Calais et du monde entier ».



Car le parcours du combattant pour un exilé commence dans ce roman par Calais et les obstacles administratifs, matériels, humains, pour rejoindre l’Angleterre. Il se poursuit du côté de la mer Égée, la Grèce, les îles Lesbos, partout ces mêmes difficultés, ces drames. Car « L’homme qui flotte dans ma tête » est une sorte de tragédie grecque contemporaine, elle emprunte à la littérature du grec ancien, elle est une poésie homérique et dévastatrice.



Quelques anecdotes cruelles, inhumaines, comme ces passeurs jetant à la mer de jeunes enfants jugés trop bruyants. Ceci n’est pas une fiction. Sans compter les destinées universitaires contrariées : des étudiants forcés d’interrompre leurs études pour s’enfuir de leur pays, sans rien, sans liens, juste ces personnes aidantes, dévouées, entièrement dédiées à une cause humaniste. Et ces morts, partout, tout le temps. Les plus chanceux auront leur corps retrouvé, enterré dans un champ, comme un charnier des temps modernes. Les autres, portés disparus, dont les familles ne pourront pas faire le deuil.



« La dérive peut durer plusieurs jours, sans boire ni manger, à se chier dessus, à pisser, à vomir, à piétiner les excréments et les corps, et dessous dans les cales, on retrouve des victimes mortes d’étouffement, d’épuisement, asphyxiées par les gaz du moteur ». Dire l’indicible, récit dur, mais un partage d’émotion, de militantisme où chaque humain compte. Le parcours des migrants est ici scrupuleusement détaillé avec pudeur mais rage.



N’oublions pas ces moments de grâce, où certains réfugiés arrivés à bon port sont pressés d’apprendre la langue du pays où ils se trouvent, désirent s’intégrer par-dessus tout, malgré les séquelles, malgré l’abandon d’une vie, laissée là-bas, loin. Veronika BOUTINOVA nous force avec maestria à nous placer dans la tête des migrants, ne traduisant pas certaines phrases qu’elle écrit en anglais et en italien par exemple, nous faisant prendre conscience que nous nous trouvons, nous lecteurs, devant les mêmes difficultés linguistiques que les réfugiés.



Le travail de Veronika Boutinova n’est pas sans rappeler celui de Marie COSNAY, deux militantes exigeantes autant sur le terrain que par le style littéraire, toutes deux avec la volonté de faire sauter les verroux, d’anéantir l’omerta sur un sujet brûlant, toutes deux aidées par leur poésie gracieuse et offensive. Veronika BOUTINOVA nous avait déjà livrés chez Le Ver à Soie le bouleversant « Sursum corda » (chroniqué ici en son temps), elle a commis d’autres textes, dont du théâtre, je pense ici à « N.I.M.B.Y. et Dialogues avec un calendrier bulgare » chez L’espace d’un instant, pièces dont je dois absolument vous parler un jour. Avec « L’homme qui trotte dans ma tête », elle poursuit son œuvre cohérente, faite de combat par la littérature. Ce livre est sous-titré « Roman mausolée », on ne saurait mieux dire. Il vient de paraître chez Le Ver à Soie, aller explorer le catalogue, il est plein de surprises.



« Donne-moi un point d’appui et je soulèverai le monde ! ».



https://deslivresrances.blogspot.com/
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N.I.M.B.Y. (suivi de) Dialogues avec un cal..

Rendre compte avec des mots et des personnages, des tensions et réalités de la situation d’étranger-e-s. Choisir l’humour, la dérision, le drame ou l’ironie pour saisir le fond par des mises en scène qui font que la spectatrice et le spectateur se questionnent et/ou se positionnent.



Les deux pièces présentées me semblent répondre aux analyses et propositions d’Olivier Neveux : Politiques de spectateur. Les enjeux du théâtre politique aujourd’hui, La Découvert 2013.



N.I.M.B.Y. : « not in my backyard » ou « pas dans ma cour ou mon jardin »… tout un programme de déni, d’inégalité, de fermeture volontaire des yeux…



« Une horde de quatre cent quatre-vingt-dix-neuf hommes, un enfant et une jeune femme à la grossesse proéminente », « Une centaine d’hommes aux chaussures éculées, aux visages tannés par le soleil, la pluie, les coups du sort, aux sourires éclatants d’épuisement, un enfant et une femme très enceinte », « une quarantaine de nageurs, un enfant et une jeune femme enceinte, portée par son mari, se précipitent sans force dans une embarcation de fortune sous les tirs fournis de soldats en érection », en Europe, il y a aussi des toilettes particulières, des douches… « je vous souhaite un bon voyage ! »



Comme une introduction, un placement aux marges avant les chiottes de Jean-Bert, ses mots entrecoupés de russe, tchèque, polonais, roumain, anglais, bulgare, hongrois, dari et forcement globish. Un flux de mots et comme un entracte enracinement, des extraits de Sarah Kane, Berthold Brecht ou de l’Encyclopédie (dirigée par Diderot et d’Alembert). Réfugié-e-s, exilé-e-s…



Des échanges, des vociférations, Jean-Bert, le duffle-coat marron, « c’est toi le cabinet en prêt ? Les vannes de ta langue sont infinies ? Ferme tes lèvres et colle la pluie ! », l’homme à la boite de conserve, en contrepoint « How to claim Asylum in France ? », le migrant tourmenté, Jean-Bert, « J’ouvre et loue mes chiottes et douche, c’est avoué… », la panthère rose, le colosse en uniforme, l’uniforme enceinte…



Des mots, des phrases, des justifications, des insanités, d’une chiotte Veronika Boutinova fait un lieu de mise en scène, une fenêtre ouverte vers un endroit pour vivre, bien vivre.



« VENEZ VISITER UN ENDROIT PAS COMME LES AUTRES : LA DJEUNGUEUL ! »



———



Un calendrier, les fantasmes mesquins et sexistes des hommes. Le chauve, le barbu, Natalina et trois femmes, une fillette. Neuf dialogues.



Le double langage/être des hommes, et les mots de la femme « ça ne te dégoûte pas d’avoir la bite dedans, mais après c’est répugnant… », ou « vous faites chier, les mecs, avec votre petite mort. Ça vous rend ignobles. Je ne suis pas spécialement désagréable, moi, après, même quand je n’ai pas réussi à jouir… ».



Femme calendrier, érotisme sans être, morceaux interchangeables, « J’en ai assez de poireauter sur calendrier, de changer de seins de cul de tronche de bouche à pipe tous les mois le premier… Je veux sortir hors de ta cuisine qui pue renfermé… Je veux vivre et une vue sur le monde ! Tu ne m’as pas prise en mon pays juste pour me punaiser en plafond ? Rends-moi réelle ! Ici, j’engèle… »



Le chauve, le barbu « J’aime ta présence à peine visible… », la femme. La guitare. Dialogues de mecs sur les femmes. Femme et image de femme.



« je me nomme Natalina et mon soleil, ma petite lumière, ma fille s’appelle Luminita… ». Avoir des papiers. Avoir la nationalité française…



Les couleurs avivées de l’ironie mordante pour une juste scène.



Je souligne le remarquable travail de la Maison d’Europe et d’Orient pour ses traductions et mise à disposition de textes rares et donc indispensables.


Lien : https://entreleslignesentrel..
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