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Citation de MMartins


Ma femme regarda cet homme fixement et lui dit :
— Monsieur, vous venez pour arrêter mon mari.
— C’est vrai, madame, répondit l’homme en entr’ouvrant son paletot, qui laissa voir une ceinture de commissaire de police.
Il ajouta après un silence : – Je suis commissaire de police et je suis porteur d’un mandat pour arrêter M. Victor Hugo. Je dois faire perquisition et fouiller la maison.
— Votre nom, Monsieur ? lui dit Madame Victor Hugo.
— Je m’appelle Yver.
— Vous connaissez la Constitution ?
— Oui, madame..
— Vous savez que les représentants du peuple sont inviolables ?
— Oui madame.
— C’est bien, monsieur, dit-elle froidement. Vous savez que vous commettez un crime. Les jours comme celui-ci ont un lendemain. Allez, faites.
Le sieur Yver essaya quelques paroles d’explication ou pour mieux direde justification ; il bégaya le mot conscience, il balbutia le mot honneur. Madame Victor Hugo, calme jusque-là, ne put s’empêcher de l’interrompre avec quelque rudesse.
— Faites votre métier, monsieur, et ne raisonnez pas ; vous savez que tout fonctionnaire qui porte la main sur un représentant du peuple commet une forfaiture. Vous savez que devant les représentants le président n’est qu’un fonctionnaire comme les autres, le premier chargé d’exécuter leurs ordres. Vous osez venir arrêter un représentant chez lui comme un malfaiteur ! Il y a en effet ici un malfaiteur qu’il faudrait arrêter, c’est vous.
Le sieur Yver baissa la tête et sortit de la chambre, et, par la porte restée entre-bâillée, ma femme vit défiler derrière le commissaire bien nourri, bien vêtu et chauve, sept ou huit pauvres diables efflanqués, portant des redingotes sales qui leur tombaient jusqu’aux pieds et d’affreux vieux chapeaux rabattus sur les yeux ; loups conduits par le chien. Ils visitèrent l’appartement, ouvrirent çà et là quelques armoires, et s’en allèrent, – l’air triste, me dit Isidore.
Le commissaire Yver surtout avait la tête basse ; il la releva pourtant à un certain moment. Isidore, indigné de voir ces hommes chercher ainsi son maître dans tous les coins, se risqua à les narguer. Il ouvrit un tiroir, et dit : Regardez donc s’il ne serait pas là ! – Le commissaire de police eut dans l’œil un éclair furieux, et cria : – Valet, prenez garde à vous. – Le valet, c’était lui.
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