Nationalité : Portugal
Né(e) : 1978
Né(e) : 1978
Biographie :
Victor Pereira, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Pau et des Pays de l’Adour, est actuellement chercheur à l’Instituto de História Contemporânea de l’Université nouvelle de Lisbonne. Il mène des recherches sur les migrations portugaises et sur l’histoire du xxe siècle portugais.
Victor Pereira, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Pau et des Pays de l’Adour, est actuellement chercheur à l’Instituto de História Contemporânea de l’Université nouvelle de Lisbonne. Il mène des recherches sur les migrations portugaises et sur l’histoire du xxe siècle portugais.
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Dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022 Avec Luc DAIREAUX, António DE ALMEIDA MENDES, Yves LÉONARD, Victor PEREIRA L'empire portugais est un condensé de l'histoire du monde et des rapports de l'Occident au monde. Sa longévité, le mode de gestion des populations coloniales, son extension en font un exemple d'étude original dans l'univers des empires européens. Plus qu'un empire il y eut des empires. Avec l'empire ce sont tout autant de vies, de sociétés et de civilisations qui se sont transformées. Né en 1415 dans le prolongement de la Reconquista et des premiers voyages d'exploration sur les côtes d'Afrique, le premier empire colonial portugais est celui de l'Âge d'Or des Grandes découvertes et de la traite des esclaves. Après 1582, vient le temps du Brésil, de l'or et des sociétés nouvelles. Avec l'indépendance du Brésil en 1822, l'État Nouveau se replie sur l'Afrique. Les indépendances des anciennes colonies africaines (1973-75) marquent selon l'expression de René Pélissier le « naufrage des caravelles », la fin d'un projet universel. Cette table ronde propose à travers plusieurs interventions d'étudier la manière dont le monde colonial a pu s'articuler, s'interconnecter par les échanges artistiques, de biens et surtout de personnes.
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Citations et extraits (8)
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En 1974, après un peu plus de quinze ans d'émigration, il y a davantage de Portugais en France que dans les provinces d'outre-mer après les supposés cinq siècles de colonisation.
En août 1975, comme le suggère ironiquement une caricature de João Abel Manta, le Portugal semble être une énigme insoluble: Marx, Lénine, Gandhi, Mao, Sartre, Kissinger - affublé d'oreilles d'âne -, Fidel Castro, Gramsci et bien d'autres scrutent un tableau où le Portugal est dessiné à la craie. Les grands hommes - il n'y a qu'une seule femme, Rosa Luxemburg - du passé et du présent, sont perdus, incapables de saisir ce qu'il se déroule dans ce petit pays jusqu'alors peu connu. Pendant le mois d'août, un journal comme Le Monde publie presque quotidiennement un ou des articles sur les événements portugais qui sont suivis avec attention par une partie de l'opinion publique française. Le pays se dirige-t-il vers une guerre civile? Le Portugal va-t-il devenir un Cuba en Europe? Quelle fraction du MFA va-t-elle prendre le dessus? Les militaires soutenus par l'extrême gauche vont-ils tenter de prendre le pouvoir? Qui va appuyer Costa Gomes? Jusqu'au 25 novembre 1975, les prévisions vont bon train, alimentées par les multiples rumeurs qui courent.
Cette vision biaisée du passé colonial découle, pour partie, d'une des apories de la révolution des œillets : c'est l'armée qui a libéré le Portugal des guerres coloniales et de la dictature. Et c'est la même armée qui a été l'instrument principal de la colonisation et de la lutte contre les mouvements anticoloniaux. L'armée a donc à la fois perpétré des violences et libéré les Portugais. Ce dernier rôle positif des forces armées a pendant longtemps empêché un regard critique sur les violences commises pendant les guerres coloniales et, plus généralement, a alimenté un regard bienveillant sur la colonisation. Dans les années qui ont suivi la révolution, l'armée portugaise a entravé l'accès aux archives permettant de documenter et d'analyser les violences commises en Afrique. Les commémorations vont probablement permettre un questionnement sur le passé colonial.
Cependant, des milliers d'hommes et de femmes avaient osé le salto: le départ clandestin de leur pays, la traversée de l'Espagne et l'entrée irrégulière en France, à travers les Pyrénées. Bien que l'émigration jouât un rôle de soupape de sécurité – les individus mécontents de leurs conditions de vie pouvaient trouver une solution en partant plutôt qu'en protestant – et qu'elle assurait à l'économie portugaise des devises françaises en volume croissant, Salazar ne voulait pas légaliser des départs qui s'assimilaient à « un plébiscite avec les pieds », contre le régime et contre sa politique coloniale.
C'est à un conflit d'un type nouveau auquel les forces armées portugaises doivent s'adapter. Avant même 1961, l'armée portugaise s'était intéressée aux guerres menées par la France en Indochine, puis en Algérie, et par la Grande-Bretagne en Malaisie. Des officiers portugais s'étaient rendus à Arzew, près d'Oran, pour assimiler les leçons de la doctrine de la contre-subversion. Pour gagner ce type de guerre, il ne faut pas seulement combattre les armes à la main dans la jungle ou la brousse; il est nécessaire de gagner les « cœurs et les esprits », séparer la population des combattants des mouvements anticoloniaux. Parallèlement aux patrouilles et à la traque des adversaires, l'armée portugaise entreprend toute une action de propagande, d'assistance sociale et médicale auprès de la population. Comme en Algérie, une partie des populations vivant dans les régions où opèrent les mouvements anticoloniaux, sont contraintes de vivre dans des camps de regroupement nommés aldeamentos.
Le Timor oriental est donc la dernière colonie portugaise à devenir indépendante, dans le sang. Entre-temps, en 1999, Macao, comptoir où les Portugais s'étaient installés à partir du milieu du XVIe siècle, a été rétrocédé pacifiquement à la République populaire de Chine. La révolution des œillets met ainsi fin à un empire pluriséculaire. La page de l'empire tournée, les dirigeants portugais regardent immédiatement vers l'Europe. L'adhésion à la Communauté économique européenne devient rapidement la nouvelle priorité de la plupart des dirigeants portugais. Mais, pour cela, des institutions démocratiques doivent être mises sur pied. L'année 1976 voit ainsi une Constitution être promulguée et les élections se succéder.
Pour Spínola, c'est la répétition de Goa qu'envisage froidement Caetano: transformer l'armée en bouc émissaire. Or, une partie de l'armée estime qu'elle se bat pour permettre aux politiciens de trouver une solution politique honorable.
Si la menace des armes est parfois nécessaire, aucun tir n'est échangé.
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