Tout le monde connaît cette activité indépendante de l'organe visuel que l'on nomme hallucination de la vision , et la littérature est tellement remplie d'observations de ce genre qu'il nous serait facile d'en citer une foule qui toutes viendraient corroborer notre opinion ; mais avant de nous engager dans les routes quelquefois si tortueuses de la pathologie, livrons-nous d'abord à quelques considérations physiologiques sur ce sujet ; et pour démontrer que la perception des couleurs peut avoir lieu sans aucune influence de causes externes, qu'il nous soit permis de rapporter un fait récemment observé par nous et recueilli avec soin.
Nous ne connaissons, nous ne pouvons connaître le monde extérieur que par la manière dont il agit sur nous ; mais accoutumés depuis les premiers moments de notre existence à voir certains objets exercer toujours et invariablement sur nous les mêmes influences, à produire toujours en nous les mêmes changements, les mêmes modifications, ces changements, ces modifications qui nous appartiennent en propre, et à nous seuls, nous les rattachons aux objets eux-mêmes et nous nous considérons comme des êtres entièrement passifs , tandis que l'activité forme la partie la plus essentielle de notre être.