La mémoire est une traîtresse. Ceux-là mêmes qui n'avaient pas bougé un sourcil, tout comme leurs pères et leurs arrière-grands-pères et encore plus loin, en voyant partir les navires armés pour la traite négrière, ceux -là mêmes qui avaient vécu tranquilles, sans culpabilité, dans une ville dont les bateaux transportaient des millions d'êtres humains vers l'enfer, dans une ville dont le trésor dépendait de l'infâme commerce, ceux que ne dérangeait pas la vision d'un noir, pourvu qu'il fût pauvre et nécessiteux, ne pouvaient supporter celle d'une femme noire épanouie et triomphante.