Entre les joints des dalles cimentées de la terrasse pourtant impeccable, une graine portée par le vent avait réussi à s’insinuer. Malgré les courants d’air, la sécheresse et le peu de pluie, la plante s’était élancée vers le ciel pour donner naissance à une fleur unique aux larges pétales rouges. Un énorme coquelicot. Ainsi toute personne qui arrivait à la villa ne pouvait que le voir. Chacun était attiré et subjugué par la beauté de cette corolle légère. Le béton froid semblait rehaussé de sa lumière. Cette pousse vivante sur sa tige dynamique et fragile était l’improbable touche de poésie et de liberté apportée à cet univers rectiligne.
Orlane comprit immédiatement que son deuxième garçon ne ressemblerait pas au premier. Elle mesura l’apathie, les traits élastiques, le côté languissant, le manque d’attrait et d’allant. Elle ne s’en formalisa pas. L’objectif était atteint. Elle pouvait avec satisfaction cocher une case supplémentaire sur la liste.