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Citation de Desseille


Pourquoi l’humanité ne s’était-elle pas contentée de l’animalité ? Qu’avait-elle gagné à utiliser son cerveau, à imaginer ce qui n’existait pas, Dieu, le bonheur, le malheur, l’oppression, les projets, la beauté, la laideur ? Pourquoi avait-elle cédé le contrôle à cette machine à frustrations, à envies, à jalousie, incapable de se contenter de ce qui était là, maintenant, et qui, par crainte d’une mort certaine, se démenait dans sa cage d’os pour bâtir des chimères, lesquelles s’évaporaient sitôt que l’air et le sang venaient à manquer ? Que valait la vie, se demandait Stefano, que valait sa vie ? Qu’avait-il connu de plus fort, de plus heureux que de serrer Lisa dans ses bras, la seule femme qu’il avait aimée un peu ? Ou de se blottir dans les bras de sa mère après une dispute où il lui reprochait leur vie d’errance, se pelotonner contre sa poitrine, sentir les battements de son cœur et le parfum de son chagrin, de son amour et de sa peur ?
Rien. L’humanité n’y avait rien gagné, sinon l’humanité. Et les émotions. Ces émotions pour lesquelles Stefano avait voulu mourir et grâce auxquelles il pouvait, ce matin, malgré la douleur de sa jambe ou peut-être grâce à elle, se sentir heureux de vivre, malgré tout. Il ferma les yeux et accueillit le léger tournis comme la caresse de la lagune.
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