AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de GuyMontag


« On renonce d’abord à changer le monde, le monde en général : on prend conscience qu’on n’aura sur ce qui nous entoure aucun impact digne de ce nom, que le monde sans nous et le monde avec nous aura été le même, à un détail près qui ne compte pas. On comprend qu’on n’a aucune assurance non plus que le monde se porte mieux à l’heure de notre mort, que changer la vie c’est mégalomaniaque, que ceux qui nous répètent que nous pouvons faire une différence nous refilent encore de l’opium pour nous tranquilliser. On réalise qu’on ne peut pas non plus influer sur la vie de ceux qu’on aime, et que quand le malheur s’abat sur eux, être là à leurs côtés ce sera seulement être spectateur. Le plus tentant, c’est de chanter chacun pour soi et sauve qui peut : à défaut d’améliorer le monde, se battre pour y obtenir une place privilégiée, ou se contenter d’y occuper une position modeste. Mais ce rêve-là, ces efforts-là, c’est sans compter que notre vie nous échappe, qu’on n’y décide de presque rien, que les choses qu’on désire sont hors d’atteinte, que celles qu’on a voulu fuir nous attendent au tournant, qu’on est poussées sans cesse dans des impasses et dans des pièges par cette force absolument indifférente qu’on finit par appeler la vie. J’entends ça, dans les conversations : la vie en a décidé autrement ; la vie ne l’a pas voulu. La vie c’est le nom de tout ce qui creuse l’écart entre ce qu’on est en train de devenir et ce qu’on aurait voulu être. Et pour mettre les choses au point : il est clair que c’est une salope. »
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}