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Citation de Anne578869


Cependant jouer les suppliantes un jour de courses avec sa mère et ses sœurs était un événement particulier. La génitrice entraina ses filles dans la mise en scène de leur pauvreté, de leur dépendance sociale et de la vulnérabilité féminine. Elle leur montrait qu’il fallait inspirer la pitié et savoir se soumettre pour trouver une protection. Paradoxalement, en se soumettant aux puissants des factions, en mettant en scène sa faiblesse de femme, elle instrumentalisait consciemment sa condition pour obtenir ce qu’elle voulait. Théodora apprit une leçon ce jour-là : l’art de la manipulation était plus subtil que celui de la guerre, et de grands et beaux yeux humides de larmes et un beau visage couronné de modestes fleurs pouvaient être des armes de négociations redoutables lorsqu’ils étaient utilisés au moment opportun. Théodora n’était-elle pas en train d’apprendre l’art de triompher de l’autorité en jouant la pantomime de l’infériorité assumée et même revendiquée ? Mais on ne joue jamais les mendiants le cœur léger. Elle apprenait aussi à abandonner son honneur pour assouvir de plus grands desseins. Mais on ne courbe jamais l’échine sans sentir un goût amer sur ses lèvres. La scène des suppliantes devait osciller dans l’esprit de la fillette entre l’humiliation de l’avilissement et le soulagement d’obtenir gain de cause.

p. 75
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