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Citation de rkhettaoui


Et la culpabilité, plus encore que la colère, m’envahissait face à cette litanie grossière. Je me pliais alors aux humeurs imprévisibles de la mère, entretenant en sourdine et dans le flou de ma faute une rage comme une promesse à moi-même, contre moi-même, de ne jamais lui donner raison. Je m’imaginais mère à mon tour, dans un avenir lointain – parce qu’au fond étais-je capable, moi –, une mère idéale, de celles qui peuplent les livres et les films – où sont les pères –, de celles qui aiment inconditionnellement, dégagent une autorité naturelle, sourient sans sourciller toute la sainte journée, de celles qui parviennent à être mère et femme en même temps, alternant dévotion domestique et vie sexuelle, vie sociale et vie pour soi, de celles qui travaillent et sont indépendantes, gèrent en même temps les bouches sales et les devoirs, les joyeux dimanches et les plannings, les visites au musée et celles chez le pédiatre. Dans mes rêves, je vivais dans une propriété aux grands murs blancs parce que, bien sûr, les rêves d’enfant n’ont jamais lieu dans la poussière. Les rêves d’enfant ignorent la fatalité de ce qui fait reproduction. Mais au-delà de tous ces vœux, je me voulais mère aimante, capable de tendresse et d’amour impudique, sans leçons culpabilisantes, à l’écoute des larmes et des douleurs, une mère qui joue et cuisine avec ses enfants, se fout de la farine qui vole sur les murs et des jaunes d’œufs qui dégoulinent, une mère qui bricole des guirlandes de Noël et des anniversaires sur mesure. Une mère qui rit aux éclats.
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