Vladimir Reuter

Je suis l'homme des départs, je suis celui qui part,
Pour revenir souvent, dans plus ou moins longtemps, suivant les mois les ans.
Je suis l'homme qui s'en va loin, celui qui te rejoint, qu'on espère en vain.
Je suis l'âme en déplacement, l'homme en mouvement constant, celui qui prend les couloirs du temps.
Je suis l'absent souvent, celui qui ressent et qui revient, tout le temps...
Je vais et je viens entre les trains, je m'y sens bien.
Je suis l'homme des départs, celui qui se barre celui qui fascine, sautant de cars en gares, le sans racines.
Je suis le mouton noir, je suis l'homme des "au revoir", des "c'était bien", des "à plus tard".
Je suis le passant le promeneur dans l'histoire, celui qui surgit du noir puis repart un soir.
Je suis l'intérimaire l'homme en freelance, le sans terre le sang de verre.
Je suis votre liberté qu'on enterre, le marcheur solitaire, celui qui erre sur terre.
Je suis celui qui ne reste pas, l'ami qui s'en va, celui qu'on oubliera, ou pas... Celui que peut-être on ne reverra pas.
Je suis l'enfant perdu dans le monde des grands, je suis le père absent, l'éternel amant, le chat errant.
Je suis l'ermite social, celui qui transite qui escale, qui vit sa vie en escapades, qui fuit le raisonnable.
L'être filant se faufilant... je suis le chaînon manquant entre l'homme et le vent...

Il est cinq heures, Paris s'éveille
Je suis un étranger d'ici, dans ton métropuritain
Je les observe, de mes monts et merveilles
J'en fais des contes de rien, en argopolitain
Il est cinq heures, Paris ma belle
Ça va, ça vient, tous tes lardons vont au chagrin
Moi je lambine, j'écris des fables de ménestrel
Je fais le chat, me baladant le long de tes saints
Il est cinq heures, Paris je veille
Je lape ton vin, je goûte l'effet du petit matin
Perché sur un banc fatigué, je m'ensommeille
Prés d'une vielle fée et ses petits croûtons de pain
Il est cinq heures, Paris se lève
Au son de la grande ruche et de l'essaim
Je sirote gourmand, mes premiers vers de soleil
Puis félin, j'irai digérer ma nuit d'un air badin

C'était un jour un peu gris...

Un de ceux ou mon esprit s'aigrit,

S'affaisse et s'engourdit...

Un de ces jours d'ennui,

Ou mon espoir s'affaiblit...

Dans un souffle joli, tu m'as dit,

"Laisse couler Vlad, et vas-y,

Écris ta vie...

Fais-le sans tabous,

Oublis toi, oublis tout...

Rassemble ton tout...

Conte et raconte nous,

Tes mangeurs de cailloux,

Tes petites bulles de fous...

Tes chemins de traverse,

Tes traversées de tempêtes...

Tes amours, tes averses...

Tu es un Chat Perché,

Un petit poète écorché,

Sauvage et non formaté,

Un greffier du pavé...

Ecrit le, et fait nous rêver,

Fais-nous rire, fais-nous pleurer...

De quoi t'as peur...?

De faire marrer les moqueurs...?

Pense à ceux,

Qui savent pourquoi tu pleures...

Qui savent, pourquoi tu ris...

Pourquoi t'écris pendant des heures...

Pirate, laisse parler ton cœur...

Ton cœur de rêveur...

Il est l'heure...!

Vas-y...!

Raconte leurs..."

Le Chat Perché

_S'il vous plaît, dessine moi un mouton...
_Va te rouler gamin avec ton mouton, j'ai pas l'temps, et puis les moutons c'est con, ça pue, tout l'monde s'en branle...
_Pourquoi t'es méchant ?
_J'suis pas méchant p'tit, c'est la réalité... Tu vas t'faire bouffer si tu continues de rêver, et ton mouton ils en feront un méchoui...!
_J'aime bien rêver moi... Pourquoi j'aurais pas le droit ?
_Parce que rêver c'est être sensible p'tit gars... C'est donner aux autres les armes pour te bousiller, y'a pas de place pour les tendres ici, si t'attends de l'amour ou d'la tendresse... Ils t'arracheront le cœur et le piétineront...
_C'est qui "Ils" ?
_"Ils" c'est ce monde de merde petit... "Ils" c'est ce monde de merde...
_Dis monsieur...?
_Ouais...?
_Pourquoi tu pleures...? Tu veux un câlin...?
_...

_ Dis Monsieur… Tu veux faire quoi toi, après ?
- Après quoi ?
_ Quand t’auras fini d’être grand ?
- Je veux être un Saule…
_ C’est quoi ça, un sol ?
- Un arbre avec une longue crinière…
_ Tu dis ça parce que t’es chauve ?
- Peut être…
_ Mais quand t’auras fini d’être grand… Ben tu seras mort ?
- Oui…
_ Tu veux faire quoi quand tu seras mort ?
- Je veux être un Saule…
_ Tu sais comment te transformer en arbre avec des cheveux ?
- Oui…
_ Qui t’a appris ?
- J’ai déjà été un arbre… il y a longtemps…
_ Et c’était bien ?
- Oui…
_ On va te mettre dans un pot alors ?
- Non… Me faire un petit nid, dans la terre, prés d’un bois…
_ C’est doux et c’est chaud la terre, j’aime bien moi, des fois je colle mon oreille dessus et je peux entendre les arbres qui parlent… Toi aussi ?
- Oui… Et je leurs parle aussi…
_ Oui, moi aussi !
- Je sais petit…
_ Comment tu sais ?
- Je te vois…
_ Alors, on mettra une graine d’arbre a cheveux avec toi, dans la terre, près d’un bois… Vous ferez des bisous, comme les amoureux et tu deviendras un arbre… ! C’est ça ?
…
- Oui…

Le Chat Perché

_ Dis monsieur, ils vont où tous ces gens ?
_ Au travail…
_ C’est où le travail ?
_ Je ne sais pas trop…
_ Et ils vont faire quoi là-bas ?
_ Se rassurer…
_ Ils ont peur ?
_ Oui…
_ De quoi ?
_ De ne plus avoir de travail…
_ Toi aussi tu vas au travail ?
_ Non…
_ Pourquoi ?
_ J’ai arrêté…
_ T’as arrêté le travail ?
_ J’ai arrêté d’avoir peur…
_ Tu vas où alors, toi ?
_ Un peu par ici, un peu par là…
_ Et c’est bien ça ?
_ Moi j’aime bien…
_ Tu écris quoi dans ton carnet ?
_ De tout et de rien… Comme ça vient…
_ Comme dans un poème ?
_ Un peu oui…
_ C’est ça ton travail ?
_ Peut-être…
…
_ Vlady, arrête d’embêter le monsieur, viens t’asseoir… !
_ Dis maman…
_ Oui mon chéri ?
_ Plus tard je n’irai pas au travail…
_ Hein ?! Et tu feras quoi ?
_ J’irai un peu partout, au hasard… Et je mettrais des mots dessus… Pour en faire des poésies…
…

Le Chat Perché

Le chat et le kisdé...

Maître Chat Perché, arpentant le pavé,
Fumait tranquillement son pétard.
Maître kisdé, par l’odeur dérangé,
Voulut faire de lui un tricard,
Police nationale, petit saligaud !
T’as l’air défoncé ! J’vais te montrer mon cachot !
Mais quelle infamie à ton âge,
Donne-moi donc cette weed dont tu fais usage,
Tu es la honte du peuple François !
À ces mots, notre chat, en un éclair se figea,
Et pour esquiver les geôles du mauvais roi,
Prit ses pattes à son cou et la route tailla.
Le kisdé, fort surpris, de son sifflet se saisit,
Voulant appréhender ce farceur, il y souffla de bon cœur,
Bien mal lui en prit car tardive était l’heure !
Le son de son clairon avait réveillé les dormeurs,
Le contenu d’un pot de chambre sur son képi s’échoua,
Tandis que le matou riant aux éclats,
Par une gouttière s’échappa !

Le Chat Perché

Je poursuis mes envies, mes passions...

Je construis des ponts levis,

Des oraisons d'émotions,

Sur l'horizon de ma vie...

Entre mon imagination,

Et mon cœur en carton...

Le Chat Perché