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Citation de Nieva


Je me souviens maintenant, dit Ferber, que l’oncle Leo, qui avait professé le latin et le grec au lycée de Wurtzbourg jusqu’à ce qu’il fût exclu de l’enseignement, avait mis sous les yeux de mon père un article datant de 1933, reproduisant une photographie de la Residenzplatz de Wurtzbourg et du bûcher sur lequel on avait brûlé les livres. L’oncle avait qualifié cette photographie de falsification. L’autodafé, disait-il, avait eu lieu dans la soirée du 10 mai, dans la soirée du 10 mai, répéta-t-il plusieurs fois, et comme, en raison de l’obscurité régnant en cette heure tardive, il était impossible d’avoir fait une photo utilisable, on ne s’était pas compliqué la vie, affirmait-il, on avait pris le cliché d’un quelconque rassemblement devant la Résidence, on avait rajouté un volumineux panache de fumée et un ciel nocturne d’un noir d’encre. Aussi le document photographique publié dans le journal était-il un faux. Et de même que ce document est un faux, dit l’oncle, comme si la découverte qu’il avait faite constituait la preuve décisive, tout depuis le début n’a été que falsification. Mais mon père s’était contenté, soit qu’il fût atterré, soit qu’il ne voulût pas souscrire au jugement à l’emporte-pièce de l’oncle Leo, de hocher la tête sans rien dire. A moi aussi, cette histoire de Wurtzbourg dont Ferber disait qu’il venait de se la remémorer à présent pour la première fois, à moi aussi cette histoire était apparue au premier abord plutôt invraisemblable, mais depuis j’ai pu retrouver dans des archives de la ville la photographie en question, et comme on peut le constater aisément, il ne fait aucun doute que le soupçon exprimé par l’oncle de Ferber était justifié.
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