Je n'ai jamais compris à quoi pourraient servir Thalès, Pythagore et leurs foutus théorèmes, mais j'entends le mot « contraposée » qui résonne dans ma tête. Un raisonnement par l'absurde qui dit que, si je ne fais pas partie de cet ensemble, c'est que je dois faire partie de l'autre.
Contraposé. Posé contre, vraiment tout contre.
Au milieu de cette place, à Oran, j'ai leur visage, un million de fois leur visage, mais je ne partage rien de leurs desseins, de leurs destins. Dans ma vie, j'ai eu des galères. Ceux qui ont mon âge ont connu la guerre civile. De celles qui ébranlent jusqu'à l'âme, tachent de noir votre enfance, confisquent votre adolescence. La paix reste une idée fragile, une réalité plus fragile encore. En témoignent ces barbelés qui éclipsent les petites merveilles d'architecture mauresque, ces regards inquisiteurs quand je m'exprime dans un arabe hésitant, ces malheurs qu'on veut me raconter. J'écoute, gêné. Je ne sais pas quoi dire. J'ai tout à coup envie de leur parler d'ailleurs.