Lorsque Redgauntlet quitta l’appartement, à la hâte et l’esprit bouleversé, la première personne qu’il rencontra sur l’escalier fut son valet Nixon. Il était même si près de la porte que Darsie put croire qu’il y était venu pour écouter Redgauntlet.
« Que diable faites-vous là ? » demanda-t-il d’un ton brusque et sombre.
« J’attends vos ordres. J’espère que tout va bien ? — Excusez mon zèle.
— Tout va mal, Nixon. Où est ce drôle de marin, — ce capitaine… comment l’appelez-vous ?
— Nanty Ewart, monsieur. — Je vais lui porter vos ordres.
— Je les lui donnerai moi-même ; faites-le venir ici.
— Mais est-ce que Votre Honneur quitte déjà l’audience ? demanda Nixon, hésitant encore à obéir.
— Mort de ma vie ! Nixon, vous répliquez, je crois ? » s’écria Redgauntlet en fronçant les sourcils. « Pour moi, je m’occupe de mes propres affaires ; vous, m’a-t-on dit, vous faites faire les vôtres par un agent en haillons. »
Sans répondre, Nixon partit, la mine toute décontenancée, à ce que crut voir Darsie.
« Ce chien commence à devenir insolent et paresseux, dit Redgauntlet, mais il faut encore que je le supporte quelque temps. »
Un moment après Nixon revint avec Ewart.
« Est-ce là le capitaine contrebandier ? » demanda Redgauntlet. Nixon fit un signe affirmatif.
« Est-il encore ivre ? — Il aboyait tout à l’heure.
— Il ne l’est plus trop pour faire sa besogne, répondit Nixon.
— Eh bien, alors, écoutez-moi, Ewart : — dirigez votre barque vers la jetée, et qu’elle soit montée par vos meilleurs rameurs : — gardez le reste de votre équipage à bord du brick. — Si toute votre cargaison n’est pas déchargée, jetez-la à la mer, elle vous sera payée cinq fois sa valeur. — Tenez-vous prêt à partir pour le pays de Galles ou pour les Hébrides, peut-être pour la Suède ou la Norwége. »
Ewart répondit d’un ton assez bourru : « Oui, oui, monsieur.