Wang Xiuchu

J’avais déjà lu chez Anacharsis l’excellent « Un blanc », je me penche cette fois sur leur collection « Famagouste » avec « Les dix jours de Yangzhou : Journal d'un survivant ». Si j’ai bien compris, le principe de la collection, ce sont toujours des témoignages précédés d’une introduction érudite permettant de les remettre en contexte.



Dans le cas présent, c’est Pierre Kase, sinologue, qui fait le job avec une introduction captivante. Je ne connais rien de l’Histoire de Chine et j’ai été un peu perdu avec les nombreuses dynasties mais, sur l’événement terrible, le massacre en 1645 des habitants de la ville de Yangzhou par les Mandchous ou sur la portée et l’utilisation politique du témoignage de Wang Xiuchu, un des rares survivants, j’ai trouvé l’article de Pierre Kaser passionnant.



Le court témoignage (à peine 6000 mots nous dit le préfacier) de Wang Xiuchu, sans être mal écrit, n’offre pas un grand plaisir littéraire mais sa valeur n’est pas là. Il n’en est pas moins bouleversant, a fortiori, après l’introduction scientifique de Pierre Kaser qui donne à ce texte une force historique sans pareille. C’est précisément parce que ce n’est pas de la littérature qu’on reste sidéré, abruti, par la violence inouïe du massacre.



Je ne sais pas ce que vaut le reste de la collection, déjà bien étoffée, mais j’invite les curieux, les amateurs d’Histoire et de témoignage à se pencher sur « Famagouste ». L’originalité du concept et la qualité de ce premier livre m’ont, pour ma part, convaincu de m’y attarder à nouveau.

En 1645, les Mandchous renversent la dynastie des Ming, et s’emparent de la Chine. La prise de pouvoir est brutale. La ville de Yangzhou, sous le commandement de Shi Kefa va leur offrir une résistance acharnée. En représailles, une grande partie de la population sera masacrée.



Le journal d’un survivant est le témoignage d’un habitant de la ville, qui raconte les événements de son point de vue, d’un civil qui ne comprend pas forcément tout ce qui se passe, qui subit avec sa famille les exactions et cruautés de l’armée d’occupation, ainsi que celles de certains de ses compatriotes qui profitent de la situation pour en tirer un bénéfice personnel.



A plusieurs reprises il échappe de peu à la mort, voit mourir plusieurs membres de sa famille, assiste à ce que subit la population.



L’intérêt du texte n’est pas réellement dans la qualité littéraire, mais dans le témoignage qui a permis à ce tragique épisode de ne pas être oublié, car les nouveaux maîtres de la Chine ont tenté d’effacer son souvenir, comme souvent dans des situations de ce type.



Pour moi, un petit éclairage sur un moment de l’histoire de la Chine, que je ne connais presque pas. Et une plongée dans les mentalités de l’époque.



Instructif.