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Citation de Woland


C'était un cimetière plaisant, songea Rosicky, à la fois douillet et familier, ni bondé ni lugubre - entouré d'un bel espace. Gisant dans l'herbe haute, un homme pouvait embrasser du regard toute la voûte céleste au-dessus de lui, entendre le bruit des chariots et, en été, suivre les faucheuses qui, dans un grand cliquetis, venaient frôler la clôture. En outre, le cimetière était tout proche de la maison. Au-delà des tiges de maïs, son toit et son éolienne lui furent soudain si chers qu'il se promit d'écouter le médecin et de prendre soin de lui-même. Il était terriblement attaché à ces lieux, il devait l'admettre. Il n'était pas pressé de les quitter. Et il était réconfortant de penser que jamais il ne devrait aller plus loin que la lisière de son propre champ. La neige, qui tombait sur le cimetière et sur la neige, semblait unir les lieux. Dans le cimetière étaient enterrés de vieux voisins, pour la plupart des amis. En vérité, rien dans cet enclos ne pouvait susciter la gêne ou l'embarras. Or, l'embarras était le sentiment le plus désagréable que connût Rosicky. Il ne l'éprouvait pas souvent, il est vrai, sinon avec certaines gens qu'il ne comprenait pas du tout.

C'était une belle tempête de neige : rien n'était plus gracieux que cette neige floconnant doucement sur une campagne aussi offerte. Elle tombait, légère, délicate, mystérieuse, sur sa casquette, sur l'échine et la crinière des chevaux. Et avec elle se répandait dans l'air un parfum sec et frais. Elle annonçait le repos de la végétation, des hommes et des bêtes, du sol lui-même, et elle promettait une saison de longues nuits de sommeil, de petits déjeuners tranquilles, de moments paisibles au coin du feu. Ces pensées, ainsi que bien d'autres, se pressèrent dans l'esprit de Rosicky mais il finit tout bonnement par conclure que l'hiver approchait ; il claqua de la langue pour faire avancer les chevaux et continua son chemin.
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