William Fuller

«Il me dit :
"Alors, merci pour la tournée. Et n'oublie pas que le barman s'appelle Henry. Maintenant, pour les gens que tu voulais voir, t'en fais pas – ils te contacteront le moment venu... Et si t'as besoin de quelque chose, surtout n'hésite pas à me le demander. N'importe quoi... De l'essence, par exemple, pour ton rafiot. De quoi aller à Cuba et de quoi revenir... T'as qu'un mot à dire..."»

- Dis-moi, leur révolution, où qu'elle en est ?
Je haussai les épaules :
- Pour ce que j'en ai vu... Personne - à part ses partisans de la province d'Oriente - n'a l'air de prendre ce Castro au sérieux. En tout cas, moi, je n'en ai pas entendu parler. Bien sûr, à La Havane, il y a des mitraillettes en batterie devant les ministères. A l'entrée des cinéma, on vous fouille pour voir si, par hasard, vous n'auriez pas sur vous une bombe, des grenades, une arme...Y a plus un touriste, mais les Cubains attribuent ça aux bobards des journaux de Floride sur les prétendues troubles. Possible qu'il y ait de l'agitation secrète, mais, ça, on ne s'en aperçoit pas et les gens ne savent que ce que Batista veut bien leur dire. Pour moi, tout ça, c'est de la blague ! A La Havane, rien n'a changé. La rumba agite de plus en plus les derrières, les filles portent des pantalons toujours plus collants, les films porno passent maintenant sur grand écran, et en couleurs...Quand aux bordels, ils sont ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Oui, La Havane a de quoi combler tous les désirs humains.
- Peut-être bien que, sans trop s'en rendre compte, les Cubains sentent que c'est le commencement de la fin, Dolan. Et c'est peut-être pour ça qu'ils mettent les bouchées doubles.
- Genre "Les derniers jours de Pompéi ", hein, mon vieux Sam ? T'as peut-être raison.