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Citation de Satine


Satine
24 décembre 2010
Je vous ai sélectionné quelques extraits issus de différents actes qui je l’espère vous mettront l’eau à la bouche…. Bonne lecture :

Kent : Que Kent soit discourtois quand Lear est insensé ! Que prétends-tu vieillard ? Crois-tu donc que le devoir ait peur de parler, quand la puissance cède à la flatterie ? L’honneur est obligé à la franchise, quand la majesté succombe à la folie. Révoque ton arrêt, et, par une mûre réflexion, réprime cette hideuse vivacité. Que ma vie réponde de mon jugement ! La plus jeune de tes filles n’est pas celle qui t’aime le moins : elle n’annonce pas un cœur vide, la voix grave qui ne retentit pas en un creux accent.

Lear au duc de Bourgogne : Telle qu’elle est, messire, avec les infirmités qu’elle possède, orpheline nouvellement adoptée par notre haine, dotée de notre malédiction et reniée par notre serment, voulez-vous la prendre ou la laisser ?

Gloucester : Ces dernières éclipses de soleil et de lune ne nous présagent rien de bon. La sagesse naturelle a beau les expliquer d’une manière ou d’autre, la nature n’en est pas moins bouleversée par leurs effets inévitables : l’amour se refroidit, l’amitié se détend, les frères se divisent ; émeutes dans les cités ; discordes dans les campagnes ; dans les palais, trahisons ; rupture de tout lien entre le père et le fils. Ce misérable, né de moi, justifie la prédiction : voilà le fils contre le père ! Le roi se dérobe aux penchants de la nature : voilà le père contre l’enfant ! Nous avons vu les meilleurs de nos jours. Machinations, perfidies, guets-apens, tous les désordres les plus sinistres nous harcèlent jusqu’à nos tombes…

Le Fou : Quelle merveilleuse parenté peut-il y avoir entre toi et tes filles ? Elles veulent me faire fouetter si je dis vrai ; toi, tu veux me faire fouetter si je mens. Et parfois je suis fouetté si je garde le silence. J’aimerais mieux être n’importe quoi que fou, et pourtant je ne voudrais pas être toi, mon oncle : tu as épluché ton bon sens des deux côtés et tu n’as rien laissé au milieu. Voilà venir une des épluchures.

Lear (parlant de Gonéril) : Ecoute, nature, écoute ! Chère déesse, écoute ! Suspends ton dessein, si tu t’es proposé de rendre cette créature féconde ! Porte la stérilité dans sa matrice ! Dessèche en elle les organes de la génération, et que jamais de son corps dégradé il ne naisse un enfant qui l’honore ! S’il faut qu’elle conçoive, dorme de fiel son nourrisson, en sorte qu’il vive pour la tourmenter de sa perversité dénaturée ! Puisse-t-il imprimer les rides sur son jeune front, creuser à force de larmes des ravins sur ses joues, et payer toutes les peines, tous les bienfaits de sa mère en dérision et en mépris, afin qu’elle reconnaisse combien la morsure d’un reptile est moins déchirante que l’ingratitude d’un enfant…

Le Chevalier : En lutte avec les éléments courroucés : le roi somme le vent de lancer la Terre dans l’Océan, ou d’élever au-dessus du continent les vagues dentelées, en sorte que tout change ou périsse. Il arrache ses cheveux blancs, que les impétueuses rafales, avec une aveugle rage, emportent dans leur furie et mettent à néant. Dans son petit monde humain, il cherche à dépasser en violence le vent et la pluie entrechoqués. Dans cette nuit où l’ourse aux mamelles taries reste dans son antre, où le lion et le loup, mordus par la faim, tiennent leur fourrure à l’abri, il court la tête nue et invoque la destruction.

Edgar (seul, constatant la folie du roi) : Quand nous voyons nos supérieurs partager nos misères, à peine nos malheurs nous semblent-ils ennemis. Celui qui souffre seul, souffre surtout par imagination, en pensant aux destinées privilégiées, aux éclatants bonheurs qu’il laisse derrière lui ; mais l’âme dompte aisément la souffrance, quand sa douleur a des camarades d’épreuve. Comme ma peine me semble légère et tolérable, à présent que l’adversité qui me fait courber fait plier le roi !... Il est frappé comme père et moi comme fils !... Tom, éloigne-toi ; sois attentif aux grands bruits, et reparais dès que l’opinion qui te salissait de ses outrageantes pensées, ramenée à toi par l’évidence t’aura réhabilité. Advienne que pourra cette nuit, pourvu que le roi soit sauvé !

Kent a envoyé une lettre à Cordélia, il demande au Chevalier si elle a été émue.
Le Chevalier : Pas jusqu’à l’emportement : la patience et la douleur luttaient à qui lui donnerait la plus suave expression. Vous avez vu le soleil luire à travers la pluie : ses sourires et ses larmes apparaissaient comme au plus beau jour de mai. Ces heureux sourires, qui se jouaient sur sa lèvre mûre, semblaient ignorer les hôtes qui étaient dans ses yeux et qui s’en échappaient comme des perles tombant de dieux diamants… Bref, la douleur serait la plus adorable rareté, si tout pouvait l’embellir ainsi. […] Alors elle a secoué l’eau sainte de ses yeux célestes et en a mouillé ses sanglots ; puis brusquement elle s’est échappée pour être toute à sa douleur.

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