Quoiqu'il s'en dise dans les livres, nulle émotion humaine n'a jamais duré ni ne durera jamais bien longtemps. Même si la plus forte brûlure revient vous visiter de temps à autre, elle connait nécessairement des intervalles d'apaisement ou de rémission. Dans la vraie vie, le chagrin le plus aigu trouve envers et contre tout à se calmer et finit par sécher ses larmes ; il n'est de désespoir si lourd qu'il n'atteigne un certain niveau, en dessous duquel il ne descendra pas, pour laisser à l'espoir, malgré que nous en ayons, une chance de renaître. Même la joie d'une rencontre inopinée est toujours une sensation imparfaite, car elle ne dure jamais suffisamment pour justifier le bien-fondé de nos attentes secrètes ; et notre bonheur se ramène très vite à un simple contentement au jour le jour.