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Citation de Charybde2


Je finissais parfois la soirée dans le caboulot en bas de chez moi, tenu par Baptiste, un limonadier taciturne qui boitait ; une rafale de Schmeisser dans la cuisse, prise dans les Flandres en 1940. J’aimais bien ce rade. Baptiste y déambulait, claudicant, le torchon à carreaux sur l’épaule. Il venait prendre les commandes, clignait ses yeux tristes, hochait la tête et retournait derrière son comptoir sans jamais rien dire. Renfermé, le regard sombre, en fumant ses gauloises. Il avait fait l’acquisition du bistrot après son long séjour en stalag, où sa blessure avait été mal soignée. Mais on sentait bien qu’autre chose l’avait meurtri : la faim, le froid. Le frôlement, le frottement continuel de l’homme contre l’homme. Captif des captifs. Quand il l’avait acheté à un vieux bougnat, le bistrot n’avait pas de nom. Il en était resté là. C’était mieux comme ça. Il faut un peu laisser les choses sans nom.
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